Hamid, âgé de vingt-deux ans, était en compagnie de sa bien-aimée quand un jeune armé d'un couteau l'a attaqué, lui a demandé de laisser la fille et partir. Seulement, il y a laissé sa peau. «Il m'a provoqué, M. le président…». C'était la seule réponse que Hamid répétait depuis le début de l'examen de l'affaire de meurtre dans laquelle il est impliqué par la chambre criminelle près la Cour d'El Jadida. C'est comme si ce jeune de vingt-deux ans croyait que le fait d'être provoqué nous permet de mettre fin à la vie de l'autre. C'est comme s'il ignorait que la vie est sacrée et que personne n'a le droit de mettre fin à la vie d'un autre. «Je faisais un tour en compagnie de ma copine lorsqu'il s'est présenté devant moi… Je ne savais pas au début ce qu'il voulait au juste», a précisé Hamid au début de son interrogatoire par le président de la Cour. Il ne se disculpait pas, mais il affirmait que Jamal l'a poussé à être agressif envers lui. «Il nous a menacés moi et ma copine, avec un couteau», a-t-il précisé à la Cour. En fait, Hamid était un jeune homme sans problème, qui jouissait d'une bonne réputation dans son quartier et évitait d'être mouillé dans le moindre malentendu ou simple accrochage. Après avoir abandonné définitivement ses études en huitième année d'enseignement fondamental, il est resté au chômage durant plus de deux ans. Quand il a été recruté dans un établissement hôtelier, il a fait la connaissance de Nabila, une charmante jeune fille, de dix-huit ans, qui demeure au même quartier que lui. De fil en aiguille, c'était une relation amoureuse qui a commencé à les réunir au point qu'ils se sont promis de se marier le plus tôt possible. «Au début, elle n'était que ma copine, mais aujourd'hui nous avons décidé de nous marier le plus tôt possible», a-t-il expliqué au président de la Cour qui a appelé Nabila. Celle-ci s'est tenue devant la Cour pour lui expliquer : «C'est vrai que nous avons décidé, il y a quelques mois, de nous marier le plus tôt possible. Il m'a même promis de se présenter, une semaine avant l'incident, à ma famille pour me demander en mariage». La jeune fille qui n'a pas pu retenir ses larmes a précisé à la Cour qu'ils étaient ensemble en train de faire un tour, dans un jardin éloigné du centre- ville, quand la victime les a surpris avec un couteau à la main. « Il m'a saisi rapidement par mon bras droit et m'a mis le couteau sous la nuque…Il a demandé à mon fiancé de partir et me laisser avec lui», a-t-elle raconté à la Cour. Hamid a tenté de le calmer et de répondre à d'autres demandes sauf partir et abandonner sa bien-aimée. Mais en vain. La victime était sous l'effet de la drogue. Il semblait avoir ingurgité quelques comprimés psychotropes avant de commencer son aventure qui va lui coûter la vie. «M. le président, il m'a demandé de partir et lui laisser Nabila tout en me menaçant avec le couteau», a précisé Hamid devant les magistrats de la Cour. «Je l'ai supplié de la laisser tranquille et de lui remettre une somme d'argent. Mais, il a refusé. Je n'avais pas le choix. Sinon, il abuserait de Nabila», a-t-il ajouté. C'est comme si Jamal a tenté d'aller jusqu'au bout quand Hamid a essayé de le pousser. Seulement, celui-ci lui a arraché le couteau et lui a asséné un seul coup fatal. «Je n'avais pas l'intention de le tuer, M. le président», a-t-il affirmé à la Cour. Mais, c'est trop tard. Jamal a rendu l'âme quand il a été évacué à l'hôpital. Et Hamid a été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.