On passe sur les décès qui surviennent toujours. Les types sont morts alors qu'ils ne devraient pas, normalement, mourir, lui, il nous la joue style quand le décès survient. Et oui, quand le décès survient, le moins que l'on puisse dire c'est que tu es mort. Il ne fait pas bon être prof de maths actuellement. Deux sont morts pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le motif de leur hospitalisation dans des cliniques casablancaises. Manifestement, cela ressemble à des erreurs médicales. Nous y reviendrons. Mais d'abord qui en veut aux profs de maths ? Il ont beau connaître le secret de la loi des séries, les arcanes de la théorie des probabilités ou les vertus des suites aléatoires, pour au moins deux d'entre nos profs de maths, l'addition de la clinique a été salée. Ils ont été soustraits aux leurs. Et cela fait tout simplement pleurer à l'infini. Pour le reste que nous dit-on ? D'abord à la télé. Le président d'un truc qui s'appelle l'association de la médecine privée nous dit sur un ton menaçant que personne n'a le droit de juger un médecin s'il n'est pas jugé par la justice. Il nous met en garde contre les avis, les commentaires, les analyses et même les indignations. Ça serait illégal. J'imagine que ce même toubib reviendra un autre jour à la télé pour nous mettre en garde, méchamment toujours, contre les avis, les commentaires, les analyses et même les indignations concernant l'autorité de la chose jugée même si cette chose s'avère être une erreur médicale caractérisée. Donc pas de commentaires ni avant, parce qu'on ne peut pas, ni pendant parce qu'on est en train de se faire charcuter, ni après parce que le droit ne le permet pas. Crevez en silence bonnes gens, sinon vous portez atteinte aux médecins marocains ! C'est faux, seul le silence est l'adversaire du bon, voire du très bon, médecin marocain. Son ennemi irréductible et qui tue son image à petit feu, c'est le mauvais, voire le très mauvais, médecin marocain. Ensuite que lit-on dans la presse ? Sous la plume d'un jeune éditorialiste qui doit certainement avoir une jeune fiancée infirmière de nuit dans un hôpital du jour ou un cousin kiné, spécialisé en neurochirurgie expérimentale du gland, on apprend que : « Une dérive dangereuse dont les effets sont encore inconnus est en train de naître à l'issue de deux décès survenus dans des cliniques privées à Casablanca. » On passe sur les décès qui surviennent toujours. Les types sont morts alors qu'ils ne devraient pas, normalement, mourir, lui, il nous la joue style quand le décès survient. Et oui, quand le décès survient, le moins que l'on puisse dire c'est que tu es mort. Quant à la dérive dangereuse dont les effets sont inconnus, à part les deux morts qui sont eux pourtant bien connus, nous y arrivons : « Des concitoyens sont embarqués dans des combats douteux qui font d'eux des machines de contestation collective dont le pire est de prétendre agir au nom de tous les malades. » Là, on souffle un peu, sinon il va falloir mettre le masque à oxygène. Il y a deux morts douteuses avérées, ce sont les combats qui le deviennent, douteux. C'est très fort. Rapidement : la machine de contestation collective ça s'appelle une manif ou un sit-in. Et celui qui organise une manif s'appelle un organisateur de manif. En quoi notre aide-soignant bénévole est chagriné ? On n'en sait rien. Mais le pire pour lui est de prétendre agir au nom de tous les malades !!! Un Marocain, même malade me semble-t-il, reste un citoyen et on peut, aussi, bien trouver parmi les manifestants des gens malades c'est-à-dire, selon lui, des gens qui peuvent légitimement protester. A moins que pour lui et ses congénères tous les malades sont des morts en puissance. Mais, que notre Professeur la Rotule du journalisme nous pardonne. On n'a pas trouvé des morts assez potables pour les faire défiler en solidarité avec les deux trépassés, il n'y avait que des malades de disponibles, ils se sentaient plus mobilisés. Les bien-portants, eux, n'avaient pas le temps de défiler : ils faisaient la queue à la consultation d'un allergologue spécialiste de la connerie d'hiver. Il faut le faire. Mais ce n'est pas fini : « Le pire qui puisse arriver à l'institution médicale, c'est de perdre le respect qui lui revient de droit. » Le droit n'a rien à voir là-dedans, rebouteux de campagne ! Le respect, dans la médecine, vient de la pratique sérieuse, de la probité irréprochable et de la rigueur incontestable. C'est tout. Alors, pour finir, le docteur es-portes ouvertes, nous assène, pour chuter, que : «Sur X décès survenus (encore !) dans des cliniques ou des hôpitaux, combien de vie humaines ont été sauvées, combien de patients ont été soulagés ?!» Si son père, sa mère, sa tante, son fils ou sa sœur faisaient par malheur, et qu'à Dieu ne plaise, partie du X dont il nous parle doctement, notre adepte de la statistique morbide serait un peu plus humble face à la mort en général et, en particulier, un peu plus compatissant face à la douleur indicible des familles des victimes des erreurs médicales. Après les nés sous X, ce sacré gars nous invente les morts sous X !