Eric Besson tente par tous les moyens de faire croire que «son» débat sur l'identité nationale est toujours en vie. Qu'est devenu Eric Besson, le plus voyant ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale que Nicolas Sarkozy ait pu donner à la France ? La question est d'autant plus légitime que l'homme avait fait de sa présence permanente dans le radar de l'actualité une condition sine qua non pour la réussite de son contestable débat sur l'identité nationale. Il fut, donc, une période récente où il ne se passait pas un jour sans qu'Eric Besson, sans qu'aucune accroche d'actualité l'exige, soit l'invité d'une prestigieuse émission de télévision ou n'accorde une interview à une grande radio ou un grand journal. Depuis quelques temps, tous ceux qui avaient développé une addiction à la parole «Bessonnienne», ont laissé paraître la souffrance d'un brusque sevrage. Il est vrai qu'avec ce léger sourire cynique en coin d'un homme qui assume tout avec une grande audace et ce menton légèrement incliné, comme cassé par une passion excessive ou une émotion soudaine, Eric Besson avait ce don, assez rare chez les politiques, de faire chavirer leurs audiences dans une effervescente relation admiration-mépris-haine. Il est vrai aussi qu'Eric Besson vient de disparaître de la circulation des petites phrases qui font le buzz et le zapping et qui contribuent à la notoriété du moment d'un homme politique à la suite d'une grande décision de Nicolas Sarkozy de clore un débat sur l'identité nationale. Ce débat commençait à menacer l'ensemble de la stratégie du président de la République de reconquérir l'adhésion des Français, passage obligé pour une possible reconduction de bail à l'Elysée. On s'en souvient encore. L'enterrement de première classe de ce débat confié au Premier ministre François Fillon, intronisé pour l'occasion efficace patron d'une entreprise de pompes funèbres. Et depuis, une cure de silence et d'invisibilité fut imposée à Eric Besson. Son service de communication, jadis encombré par une suractivité fut réduit au chômage technique. Après avoir passé le plus clair de son temps à organiser la parole du ministre, à la disséminer le plus efficacement possible, le voilà contraint de gérer ses silences et ses absences. Et quand il lui arrive de rompre ce silence comme il vient de le faire dans une interview au journal «Le Monde», Eric Besson tente par tous les moyens de faire croire que «son» débat sur l'identité nationale est toujours en vie. Surtout lorsqu'il annonce qu'il s'apprête, le 8 avril, à animer à Paris un colloque intitulé «Identités nationales, identité européenne», le tout en préparation d'un second séminaire gouvernemental qui «prendra de nouvelles mesures». Eric Besson avait profité de cette sortie pour mettre son petit grain de sel dans les bisbilles de son ex-famille politique, le PS en envoyant quelques fleurs à l'actuel premier secrétaire Martine Aubry : « Elle a su réunir un grand nombre de socialistes, ce qui est un exploit. Et elle a habilement géré le cas Frêche». Eric Besson a beau défendre son bilan, affirmé qu'il n'a pas, dans ses excès et ses digressions, «fait le jeu du Front National», il fait désormais partie de ces personnalités du gouvernement dont l'urgence absolue pour Nicolas Sarkozy est de leur trouver une autre affectation.