Réunis en Suisse sous l'égide des Etats-Unis, le pouvoir soudanais et le groupe rebelle APLS ont entamé lundi des négociations en vue d'un cessez-le-feu. Onze représentants du gouvernement soudanais et sept membres de l'Armée Populaire de Libération du Soudan (APLS, rebelle) négocient depuis lundi à Buergenstock (centre de la Suisse) à huis clos sur la possibilité d'un cessez-le-feu dans les Monts Nouba (Centre). Les pourparlers, parrainés par la Suisse et dirigés par les Etats-Unis, s'étaleront vraisemblablement sur une semaine, et tenteront d'aboutir à une paix durable, après une guerre civile de 18 ans. L'intervention directe de Washi-ngton dans les discussions s'inscrit quant à elle dans la campagne de lutte contre le terrorisme lancée au lendemain du 11 septembre. L'administration Bush avait alors déclaré vouloir aider le retour de la paix au Soudan et y avait dépêché un émissaire, John Danforth, pour établir un cessez-le-feu fragile en novembre dernier. Par ailleurs si Washington s'intéresse autant au Soudan, c'est surtout parce que ce pays figure sur sa fameuse liste prioritaire, Ben Laden ayant séjourné dans ce pays entre 1991 et 1996. Le gouvernement soudanais avait aussitôt rejeté ces accusations de soutien au terrorisme. Et répété que l'ennemi numéro un des Américains n'avait exercé que des activités d'homme d'affaires lors de son séjour à Khartoum… Quant aux négociations helvétiques, elles sont menées par le sous-secrétaire d'Etat soudanais aux Affaires étrangères, Mutref Sideig Ali Nimmery, chef de file de la délégation gouvernementale, et par le chef rebelle de la région des Monts Nouba, Abdelaziz Adam Al-Hilu. Cité par le quotidien indépendant Al-Sahafa, M. Sideig avait indiqué que Khartoum donnait «un plein mandat» à ses délégués pour aboutir à la réussite des négociations. Elles seront «un pas vers la paix», avait-il déclaré dimanche tout en appelant la SPLA à faire preuve de sincérité en «accélérant le processus pour l'instauration de la paix» qui débutera par la région des Monts Nouba. Le ministre des Affaires étrangères Moustafa Osmane Ismaïl avait pour sa part souligné dimanche que le gouvernement soudanais attachait une grande importance à la mission de M. Danforth (actuellement au Soudan), les autres parties de médiation devant, selon lui, «mettre leurs initiatives en mouvement ». Les autres parties en question, l'Egypte et la Libye, avaient lancé en 1999 un processus de paix conjoint prévoyant l'instauration du multipartisme et la tenue d'une conférence nationale pour la paix. L'Autorité Intergouvernementale de Dévelop-pement (IGAD) parraine pour sa part, depuis 1993, des négociations entre Khartoum et la SPLA, fondées sur une déclaration de principes prévoyant le droit du sud à l'autodétermination. Depuis le début du conflit entre les rebelles sudistes, à majorité animistes et chrétiens, aux gouvernements successifs du Nord à dominante arabo-musulmane, deux millions de personnes ont été tuées au Soudan.