Depuis cinq ans, un jeune âgé de 28 ans gère une agence du troisième opérateur téléphonique au Maroc. Ayant besoin d'argent, il a mis la main sur la caisse, a empoché 30 mille DH et a maquillé son crime en hold-up. Nous sommes le mercredi 6 décembre. Il est 10 h du matin quand le téléphone à la salle de trafic de la sûreté de Hay Hassani-Aïn Chok, à Casablanca, sonne. A l'autre bout du fil, un jeune qui gère l'agence du troisième opérateur téléphonique du Maroc alerte la police : «Mon collègue qui gère une agence de téléphone portable vient de me téléphoner pour demander secours». Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Le jeune gérant qui est au téléphone ne sait rien. «Il m'a dit qu'il est en danger et je voulais d'abord vous alerter pour le sauver», ajoute-t-il au policier qui le sollicite de lui donner l'adresse. Agence commerciale de Wana située au quartier Al Oulfa, non loin du marché municipal. Le message transmis aussitôt au chef de la PJ qui charge une brigade criminelle de l'affaire. Si le gérant est en danger, il n'y a pas de temps à perdre. Les limiers quittent rapidement leur bureau pour se diriger vers le lieu. Pas moins de cinq minutes, ils arrivent à la scène de crime. Le jeune qui les a alertés y était déjà. Il leur indique l'agence. Son rideau est baissé, mais n'est pas cadenassé. Les flics l'ouvrent. A l'intérieur, le gérant, avec ses mains ligotées en avant, s'assoit sur une chaise. Le chef de la brigade s'approche de lui et lui demande de lui raconter toute l'histoire. «C'est vers 9 h 30 quand je suis arrivé à l'agence, je me suis apprêté à l'ouvrir, l'un des trois jeunes hommes qui étaient à bord d'une voiture blanche s'est approché de moi et m'a expliqué qu'il veut bénéficier d'un pack promotionnel», entame-t-il son récit. Les policiers l'écoutent attentivement sans poser de question. Ce jeune âgé de vingt-huit ans leur affirme qu'une fois avoir ouvert la porte, le jeune homme est rentré après lui. Les deux autres jeunes qui l'attendaient à bord de la voiture l'ont rejoint après avoir baissé le rideau derrière eux. Vite, les trois ravisseurs armés de couteaux lui ont ligoté les mains, lui ont subtilisé la clé et ont ouvert la caisse. «Ils sont partis avec trente mille dirhams», a-t-il achevé ses déclarations. Le chef de la brigade le dévisage attentivement. Bizarre. Le gérant de l'agence ne porte aucune trace de violence. Seulement ses mains qui sont ligotés en avant et non derrière son dos. Sa bouche n'est pas bouchée ni par un mouchoir, ni par un ruban adhésif. Sans aucun doute le commissaire pense que le gérant de l'agence pouvait, quand ses ravisseurs sont partis, se mettre debout et frapper au rideau pour attirer l'attention des passants et des clients des cafés adjacents et qu'il pouvait aussi demander secours en criant à l'intérieur de l'agence. Pourquoi n'a-t-il pas réagi ainsi ? Comment est-il arrivé à composer le numéro de téléphone pour appeler son collègue alors que ses deux mains sont ligotées ? Le chef de la brigade garde le silence, il ne lui pose pas de question. Tout d'un coup, il appelle l'un de ses limiers et lui chuchote quelques mots à l'oreille. En un clin d'œil, le limier sort de l'agence, s'adresse au café mitoyen et demande au serveur s'il avait remarqué quelque chose d'anormal. Non. Et les clients ? Deux parmi eux affirment au flic qu'ils attendaient l'ouverture de l'agence quand ils ont remarqué le gérant qui y est rentré sans en sortir après avoir baissé le rideau avec ses deux mains. Ils n'ont remarqué aucune autre personne qui y est rentrée. A-t-il inventé cette histoire de hold-up ? Martelé de questions, il avoue avoir inventé cette histoire de toute pièce. Pourquoi ? Parce qu'il avait besoin d'argent, il a mis la main sur les trente mille dirhams et a tenté de maquiller son crime en hold-up. Mais sa ruse n'a duré que quelques heures pour être conduit, les mains menottées, au commissariat de police avant d'être mis, le vendredi 8 décembre, entre les mains du procureur du Roi près le tribunal de première instance de Casablanca.