Oussama, âgé de quatorze ans, sort de l'école. Il rencontre son oncle maternel qui lui demande de monter à bord d'une Fiat Uno qu'il conduit. Depuis, il n'a plus donné signe de vie. Nous sommes le vendredi 15 janvier. Vers 15h 30, Oussama sort de chez lui, au quartier Al Massira, à Marrakech. Sa destination: le collège Al Qods situé à quelques centaines de mètres de chez lui, où il poursuit ses études à la huitième année d'enseignement fondamental. Il doit assister, entre 16 h et 18 h, au cours de physique. De coutume, Oussama retourne chez lui dix minutes après sa sortie du collège. Mais, quinze minutes sont passées après 18h et Oussama n'est pas encore rentré chez lui. 20, 30…60 mn passent. Aucun signe de vie d'Oussama. Sa sœur téléphone au père, l'informe et lui demande de le chercher près du collège. Le père se précipite vers le collège, ne trouve personne et rentre chez lui. Il demande à tout le monde de sortir chercher Oussama. La famille se rappelle qu'il y a quelques jours Oussama a affirmé qu'une jeune femme était venue le chercher, qu'elle voulait le raccompagner et qu'il avait refusé de la suivre. Qui était-elle ? Oussama ne l'avait jamais revue. 19 h 30, le père reçoit un appel téléphonique. «Je réclame un million de dirhams pour que ton fils Oussama rentre chez lui sain et sauf», lui demande l'interlocuteur qui semble être sérieux. Le père lui propose 300 mille dirhams. L'interlocuteur qui menace de tuer l'enfant si le père alerte la police, refuse et insiste sur le million de dirhams. Aussitôt, le père sort de chez lui, se dirige vers le commissariat le plus proche, le 11ème arrondissement de police. Rapidement, la machine policière s'est mise en branle. Les enquêteurs se rendent au collège. Il n'y a personne sauf le gardien. Celui-ci leur donne le numéro de téléphone du directeur. Contacté, vers 22 h, celui-ci les a rejoints, leur donne la feuille d'absence : Oussama était à l'école de 16 h au 18 h. La police contacte son professeur de physique. Celui-ci leur dévoile l'identité de l'un de ses amis et voisin, Zouhaïr. La police le contacte et lui demande s'il avait vu son ami, Oussama. «Il est parti en compagnie de son oncle maternel, Ahmed», leur affirme-t-il. L'oncle maternel n'a pas contacté sa sœur, la mère d'Oussama, pour l'informer. Zouhaïr est-il certain qu'Oussama a accompagné Ahmed ? La mère d'Oussama lui téléphone et lui demande de la rejoindre. Il lui répond qu'il est en compagnie de quelques personnes au boulevard Allal Al Fassi. Vers 3 h du matin du samedi 16 janvier Ahmed.H, trente-deux ans, père de famille, arrive chez sa sœur. Il trouve les enquêteurs qui lui demandent s'il avait rencontré son neveu. « Non », se disculpe-t-il. Mais, il y a des témoins. Il nie catégoriquement avoir rencontré son neveu. Sa confrontation avec les témoins, qui sont tous des camarades d'Oussama, le met à nu. Il avoue. Un aveu qui dépasse l'imagination. « Son père est riche et j'ai besoin d'argent», lâche-t-il. D'abord, c'est lui qui a engagé, il y a quelques jours, une jeune femme pour le kidnapper. Mais l'opération a échoué. Il a décidé de se charger personnellement du rapt. Parce que l'enfant, Oussama, n'oserait accompagner aucune personne qu'il ne connaît pas. Il était en compagnie d'une proche de sa famille quand il l'a rejoint au collège à bord d'une Fiat Uno et lui a demandé de les accompagner. Il l'a rassuré qu'il avait avisé sa mère. Tout de suite, il l'a conduit vers un domicile en cours de construction au quartier Lamhamed pour le mettre entre les mains d'un SDF. C'est celui-ci qui l'a étranglé avec une corde en plastique. Alors qu'un autre jeune homme s'est chargé de faire chanter la famille d'Oussama pour recevoir la rançon d'un million de dirhams.Lundi matin, 18 janvier, l'oncle maternel, Ahmed. H, et ses trois complices ont été conduits au lieu du meurtre où ils ont reconstitué leur crime.