Depuis deux ans, une centaine de voitures, surtout des Fiat Uno et des Mercedes, ont disparu. Le service régional de la police judiciaire de Kénitra vient d'arrêter les coupables. Il sort de sa demeure, ce matin du jeudi 16 août 2001. Il se dirige vers le boulevard Okba Bnou Nafiî, à Rabat où il a garé sa Mercedes 407 D, immatriculée au Maroc sous le numéro 73352-A-5. Il tourne sa tête à droite et à gauche, écarquille ses yeux. Sa bagnole n'est plus là. «Mais où est ma voiture?» s'interroge-t-il. Il arpente le boulevard comme un fou, espérant la trouver quelque part. Mais en vain. Il appelle son directeur, l'avise qu'il sera en retard. Sa plainte n'est pas la première. En effet, les plaintes s'amoncellent depuis des mois dans les commissariats du Royaume. Les enquêteurs de la police judiciaire au Maroc sont sur les nerfs. Car des voitures disparaissent depuis plus de deux ans et les auteurs courent toujours. La Direction Générale de la Sûreté nationale n'arrêtent pas de de recevoir des plaintes. La situation devient très alarmante; trente vols de voitures à Kénitra, vingt-quatre à Meknès, vingt à Rabat et dix-sept à Salé. Les barrages policiers ont été multipliés et les surveillances intensifiées. Chaque brigade de la police judiciaire espère qu'elle aura le mérite de démanteler ce réseau qui a semé la terreur parmi les automobilistes. La brigade de la police judiciaire de Kénitra qui monte un barrage lève la main, demande à un automobiliste de s'arrêter. L'automobiliste qui conduit une Fiat Uno immatriculée au Maroc sous le numéro 3422-22-1 freine. «Vos papiers», lui demande l'officier. L'automobiliste ne lui délivre que sa carte d'identité nationale. «Et les papiers de la voiture?» insiste l'officier. Il ne les a pas sur lui. L'officier, épaulé par ses éléments, lui demande de descendre, fouille minutieusement la voiture. Il met la main sur la photocopie d'une étude en médecine intitulée « Radiologie pédiatrique», un livre sur «Le marché financier anglais» et un exemplaire du «Magazine des études palestiniennes». Ces livres ont mis la puce à l'oreille de l'officier et des éléments de sa brigade. Il l'interroge sur son niveau scolaire. «Je suis bachelier» répond-t-il. Aussitôt l'officier appelle la salle de trafic du service régional de la police judiciaire de Kénitra. Il leur donne le nom et le numéro d'immatriculation de la voiture. La réponse est tranchante : la voiture fait l'objet d'une plainte pour vol, déposée par un médecin. Les éléments de la PJ arrêtent le conducteur et le conduisent au commissariat. Il se livre à des aveux : «je m'appelle Zaydi Alkhmisse, né en 1977 au douar Chraouta…Je n'ai pas d'antécédents judiciaires…J'ai commencé à voler des voitures depuis janvier 2000…Mais les cerveaux du réseau sont (…) et (…), et l'on revend les voitures volées à un ferrailleur de Kénitra contre des sommes de allant de 10 à 20 mille dirhams…». On l'interroge sur leur choix de Fiat Uno et Mercedes. «Parce que leurs clefs sont faciles à confectionner», répond le suspect. Outre Zaydi la police judiciaire de Kénitra a arrêté le ferrailleur et trois de ses acolytes et continue à rechercher les cerveaux du réseau. Ils les ont remis, vendredi, entre les mains du parquet général.