Faute d'argent pour émigrer clandestinement, Mohamed, la vingtaine, gérant d'un publiphone, a commis un crime de parricide. Nous sommes dans la ville ocre, Marrakech. Et plus précisément au quartier Socoma. Il était 2 h du matin quand les habitants ont entendu un cri strident qui venait d'une maison du quartier : «Mon père a été tué, mon père a été tué…». Des voisins apparaissaient derrière les portes et des jeunes hommes étaient sortis de chez eux pour savoir ce qui se passait. Qui est-ce qui criait? Il s'agit de Mohamed, âgé de vingt-deux ans, célibataire et gérant du publiphone de son père. Avec hystérie, il continuait à crier, à demander secours, à courir à droite et à gauche sans savoir à quel saint se vouer. Les jeunes du quartier l'ont rejoint, ont tenté de le calmer, de savoir ce qui était arrivé à son père et surtout de savoir s'il était encore en vie. «Il est mort…», a-t-il balbutié en sanglotant. L'un des jeunes du quartier a pris l'initiative d'alerter la police et de téléphoner aux éléments de la protection civile. Les éléments de la police judiciaire de Marrakech se sont dépêchés sur les lieux. Ils ont entamé leur enquête en effectuant les premiers éléments du constat d'usage. À ce propos, ils ont constaté le corps du père, sur son lit, gisant dans une mare de sang avec une grande blessure au niveau du cœur. Par ailleurs, ils ont remarqué qu'il n'y avait à la maison que Mohamed et son père. Où étaient les autres membres de la famille? Ils étaient tous en voyage. Le chef de la brigade, qui s'est chargé de l'affaire, s'est adressé au fils : «Quand et comment as- tu découvert ton père?» Mohamed a gardé le silence pendant quelques secondes, le temps de retenir ses larmes, avant de répondre : «Je suis rentré tard chez moi, vers 2 h du matin, pour le retrouver sur son lit, gisant dans une mare de sang…J'ai trouvé la porte de la maison ouverte…». Les enquêteurs ont commencé à fouiller la maison. Ils ont commencé par la chambre à coucher du père. Là, ils ont découvert une somme de 90 mille dirhams enroulés dans un tapis. Puis, ils ont trouvé un couteau maculé de sang. Une fois rentré dans la chambre de Mohamed, ils ont mis la main sur la recette journalière du publiphone, à savoir 30 mille dirhams. Ces découvertes ont mis la puce à l'oreille des enquêteurs. Ils ont conclu qu'il s'agit d'un crime de parricide. Martelé de questions, Mohamed a lâché le morceau : «C'est moi qui l'ai tué…». Pourquoi et comment ? Depuis un certain temps, Mohamed demandait à son père de l'argent qui lui permettra d'émigrer en Europe. Seulement, son père s'abstenait de lui donner un sou de plus sur son salaire qu'il touche contre la gérance du publiphone. La solution ? Il a pensé tuer son père. Profitant de l'absence des membres de la famille, il a décidé de passer à l'action. Ce n'est que vers 2 h du matin qu'il est retourné chez lui, l'heure au cours de laquelle son père devait être plongé dans un profond sommeil. Rapidement, il a saisi un couteau de la cuisine et s'est dirigé vers la chambre à coucher de son père. Sans hésitation, il a asséné un coup au niveau du cœur de son père. Puis, il l'a étouffé par ses deux mains. Il ne l'a relâché qu'une fois après avoir été convaincu que son père est mort. Et il a commencé à crier afin de faire croire aux gens que le meurtre a été perpétré par un voyou qui s'est enfui.