Selon l'article 114 de la loi 65/00 établie en 2005, les clients des assurances-maladie privées disposent d'un délai de cinq ans pour basculer vers l'Assurance maladie obligatoire (AMO). Kamal Moumny révèle à ALM les enjeux de cette loi. ALM : Le délai de passage vers l'AMO expirera en août 2010 et les assurés sont toujours aussi réticents à adopter une telle loi. Qu'en pensez-vous ? Kamal Moumny : Il s'agit d'une loi qui prône le caractère de l'obligation. Ceci indique qu'elle sera généralisée et permettra aux petits travailleurs de bénéficier à leur tour d'une couverture maladie. En ce qui concerne les gens affiliés à des assurances privées, rien ne les empêche de contracter une assurance complémentaire, soit à titre particulier ou à titre professionnel, c'est-à-dire à travers la société qui les emploie comme c'est déjà le cas.
Beaucoup de compagnies d'assurance s'accordent à dire que l'AMO n'est pas encore mature. Partagez-vous le même avis ? Je pense qu'il est normal de dire que l'AMO ne soit pas encore mature. C'est encore un «enfant» qui n'a vu le jour qu'en 2005. Cependant, en si peu de temps, il y a eu beaucoup d'acquis mais quelques lacunes persistent. Et aujourd'hui, l'AMO va dans le bon sens. Aussi, je pense qu'une durée de vie de quatre ans n'est pas suffisante pour établir un réel bilan. Chaque jour qui passe fait de l'AMO une assurance-maladie encore plus mature. Il faut souligner qu' une telle assurance permet au Maroc une certaine stabilité financière et lui évitera un déficit énorme comme c'étais le cas pour la France par exemple.
Le passage vers l'AMO ne sera-t-il pas un coup dur pour les assurances privées? Oui et non. Oui, parce qu'il est sûr que les assurances privées souffriront de la perte d'un marché de contrats très facile à prendre auprès des sociétés. Et non parce que le marché marocain reste très ouvert et offre de nombreuses autres opportunités. En plus, l'Etat a établi un contrat-programme assignant l'exclusivité du marché des professions libérales aux assurances maladies privées pour compensation. Il est vrai qu'elle est maigre, mais il reste aussi le marché de l'assurance complémentaire à exploiter.