Un atelier de gravure, lithographie et sérigraphie vient d'ouvrir à Rabat. Il a été créé par une lauréate de l'Ecole supérieure des beaux-arts de Paris : Asmae Lahkim Bennani. Pleins feux sur les techniques de la reproduction. Qu'est-ce qu'un atelier d'estampes ? C'est un lieu voué à l'impression des images. Celui que vient d'ouvrir Asmae Bennani conjugue trois arts majeurs de l'estampe : la gravure, la lithographie et la sérigraphie. Très rapidement. Une gravure en taille-douce, c'est l'empreinte que laisse sur une feuille de papier une plaque de métal creusée et encrée. La lithographie est une technique d'impression permettant la production en plusieurs exemplaires d'un tracé exécuté à l'encre ou au crayon sur un bloc de pierre. La sérigraphie ne peut être confondue avec la gravure et la lithographie. Contrairement à ces formes d'expression, la sérigraphie ne résulte pas d'un travail manuel. C'est un procédé photochimique. L'unicité d'une œuvre d'art justifie, en grande partie, sa valeur marchande. Alors que le livre est reproductible, le tableau ne l'est pas. Jadis, la gravure était largement considérée comme la servante du livre, elle reproduisait des images, remplissait la même fonction que celle assignée aujourd'hui aux photographies d'illustrations. L'avènement de la photographie a rendu caduc son rôle de diffuseur d'images uniques. La gravure s'est réconciliée de la sorte avec la voie que lui ont tracée les grands peintres d'autrefois (Dürer, Rembrandt…). Ces derniers en avaient fait un mode d'expression souverain. La gravure continuera toutefois d'entretenir des rapports privilégiés avec le livre. C'est la partie livresque des arts plastiques, celle qui porte les peintres à réaliser des livres en commun avec les écrivains. L'estampe bat en brèche la non-reproductibilité de la peinture, du dessin et de la sculpture. Cette non-reproductibilité a préoccupé plusieurs écrivains du XXe siècle. André Breton écrit dans ce sens : « il est inadmissible que le dessin, la peinture en soient encore aujourd'hui où en était l'écriture avant Gutenberg ». L'atelier de Asmae Bennani va dans le sens de la phrase de Breton. « Je veux rapprocher le peintre de l'imprimeur » dit-elle. Elle a l'ambition d'éditer des livres, à tirage limité, où peintres et écrivains pourront collaborer. D'un autre côté, la gravure-douce, la lithographie et la sérigraphie donnent aux peintres la possibilité de tester de nouvelles techniques. « J'offre aux peintres les trois techniques majeures de l'estampe » dit avec orgueil l'intéressée. Il est vrai que ces trois formes d'art constituent un intermède plein de séduction aux peintres un peu lassés de la peinture. Mais il est tout aussi vrai que ces techniques leur ouvrent de nouvelles possibilités d'expression. Et c'est tout leur travail qui peut s'en ressentir. En plus, l'atelier de Asmae Bennani permettra aux personnes qui n'ont pas les moyens d'acheter les tableaux des peintres très cotés, de se procurer leurs estampes à des prix abordables. Le prix d'une gravure, d'une litho ou d'une sérigraphie n'a rien à voir avec celui des peintures. L'estampe est abordable tout en présentant les caractéristiques des grandes œuvres de certains peintres hors-prix. Asmae Bennani défend son entreprise qui élargira le cercle des acheteurs. «Et ce qu'ils achètent reste une œuvre originale. C'est l'artiste qui l'a créée !» s'exclame-t-elle. Il faut savoir que le règlement en vigueur établit que le prix d'une estampe correspond à 10% du prix d'une toile. Acheter un Belkahia, un Bellamine ou un Kacimi à 10% du prix de leurs peintures peut augmenter de 90% le nombre des acheteurs d'œuvres plastiques dans notre pays.