La presse de lithographie est la première du genre installée au Maroc. Un défi que s'est lancé Asmae Lahkim Bennani Asmae Lahkim Bennani est née en 1971. Elle a depuis toujours cultivé le culte des images. Elle a en effet commencé par dessiner les visages reproduits dans la revue « Majid », a fait la section arts plastiques au lycée, le CPR et l'enseignement avant d'établir domicile à Paris. Elle réussit le concours de l'école supérieure des Beaux-Arts de Paris, et choisit comme spécialité la gravure, la litho et la sérigraphie. Elle obtient son diplôme après 5 ans d'études à cette école. Pendant ces cinq années, Asmae Bennani a porté à l'extrême son savoir-faire dans l'art d'interroger ces trois formes d'expression. Elle a été particulièrement intéressée par les lithographies et a sorti à cet égard deux porte-folio. Le premier, tiré à 8 exemplaires, est intitulé « Mur » ; le second, tiré à 10 exemplaires, a pour titre : « Passage à l'acte ». Asmae Bennani a projeté par la suite de monter un atelier au Maroc. Elle a frappé à toutes les portes, en tapant particulièrement fort sur celle du ministère de la culture qui lui a apposé une fin de non-recevoir. Mais c'est mal connaître l'entêtement de cette femme que de penser qu'elle allait être découragée. Elle réussit en effet à obtenir le prêt d'honneur aux jeunes créateurs de la Fondation de France et achète une presse de gravure-douce et une presse de lithographie. La presse de lithographie est la première du genre installée au Maroc. Mais celle des gravures-douce a une histoire. Elle appartenait à Jean Signovert qui était l'imprimeur attitré de la célèbre galerie parisienne, Maeght. Signovert a réalisé des gravures pour des peintres célèbres au XXe siècle : Jean Fautrier, Georges Braque, Jacques Villon et Hans Arp. Lorsqu'elle a vu sa presse pour la première, Asmae était persuadée qu'elle n'allait pas l'avoir. Une presse aussi prestigieuse ne pouvait être cédée à une débutante. D'autant plus que c'est une presse convoitée par plusieurs musées. «La femme de Signovert ne voulait pas voir la presse de son mari embaumée dans un musée, elle souhait la voir tourner encore », dit Asmae Bennani. La passion de la Marocaine séduit la Française qui la lui laisse pour « presque rien ». Il reste à nos artistes d'honorer la mémoire de Signovert en ne laissant aucun répit à sa presse.