Ségolène Royal aurait pu se ruer dans les brancards dès l'annonce des mauvais résultats aux européennes et exécuter une direction qui n'a pas su mobiliser à fond toutes les ressources humaines du PS. Son long silence avant de commenter les résultats des européennes faisait plus rappeler une sagesse brusquement retrouvée qu'une coquetterie de starlette qui se fait attendre et désirer. Ségolène Royal a tenu longtemps avant de se prononcer sur la leçon à tirer de cette débandade européenne de son parti qui l'a fait flirter avec une humiliante troisième place ex aequo avec le mouvement «Europe Ecologie» du Vert Daniel Cohn-Bendit. Il est vrai que Ségolène Royal aurait pu se ruer dans les brancards dès l'annonce des ces mauvais résultats, exécuter une direction qui n'a pas su mobiliser à fond toutes les ressources humaines du PS et mener une campagne pertinente dans une élection intermédiaire traditionnellement difficile à gagner. Scalper Martine Aubry pour son déficit de charisme, son manque de savoir-faire. Elle aurait pu apporter la preuve éclatante que le célèbre congrès de Reims n'a pas accouché de l'attelage adéquat pour reconquérir et gagner. Mais Ségolène Royal s'est opportunément abstenue de cette posture, car elle aurait exigé une vraie rupture de sa part avec l'appareil du parti. Même si la réalité de leurs rapports actuels tient plus de la bouderie que des noces, les apparences sont toujours sauves. Ségolène Royal, malgré «ses désirs d'avenir» travaillés par des tentation autonomistes, fait toujours partie de l'architecture socialiste telle que le congrès de Reims l'a dessinée. Et lorsqu'elle avait pris la parole pour se prononcer sur ce tournant des européennes qui a vu Nicolas Sarkozy consolider sur son trône et son leadership, Ségolène Royal a préféré mettre en avant le seul élément qui douche l'enthousiasme de l'Elysée, relativise l'ampleur de la victoire et minimise la profondeur de la défaite celle du nombre record des abstentionnistes. Ségolène Royal semble avoir freiné ses ardeurs et se permet, dans ses envolées et ses diagnostics, de faire référence à Barack Obama : «Face à cette situation, nous devons avoir l'audace d'espérer, le courage de reconstruire, la générosité pour changer de système». Avec de temps à autre un rappel de ses propres performances qui ont été dilapidées: «Sur le Parti socialiste, je dirai juste un fait non polémique qui est un fait précis et incontestable… Ce sont 6,7 millions de voix qui ont été perdues depuis le premier tour de la présidentielle. Surtout chez les jeunes, les femmes et les quartiers populaires. Ce qui veut dire que ceux qui subissent la crise sont ceux qui se sont détournés du vote». Ségolène Royal ne crie pas revanche pour la simple raison que le constat politique a été fait avant le scrutin européen qu'un score en dessous de 20% était un échec collectif de l'ensemble de la direction socialiste dont aucun membre, sauf ceux qui avaient joyeusement rejoint Nicolas Sarkozy, ne peut échapper. D'ailleurs un des proches de Ségolène Royal, l'avocat Jean-Pierre Mignard, président de l'association «Désirs d'avenir» fait ce constat : «Poser des questions de direction, c'était laisser croire qu'un replâtrage de direction était de nature à constituer une solution (…) ce n'est pas un replâtrage qu'il nous faut, c'est un changement de terrain, un mouvement, une transformation radicale». La timidité de Ségolène Royal à exiger violemment des comptes à l'actuelle direction menée par Martine Aubry provient de deux conclusions majeures qui étaient à l'origine de cette bérézina socialiste dans les européennes. La première est qu'il y a un consensus à dire que ceux qui ont été sanctionnés dans ce scrutin étaient les porte-parole de l'anti-Sarkozysme primaire et obsessionnel. Et dans ce cas de figure, Ségolène Royal en était un des emblèmes les plus tranchants, qui avait atteint des cimes fulgurant avec sa campagne «des pardons», des erreurs commises par Nicolas Sarkozy. La seconde est que, François Bayrou, le cheval sur lequel Ségolène Royal avait tenté de bâtir ses anciennes et futures alliances s'est lamentablement cassé les dents dans une course où il avait pourtant brillé de tous ses feux. Même si Ségolène Royal semble contrainte dans son expression, ses amis ne se gênent pas pour affirmer, études à l'appui, que ce sont les voix de Ségolène Royal qui se sont reportées massivement sur Daniel Cohn-Bendit et ont assuré son succès et que le triomphe de l'ancien leader de mai 68 était une victoire camouflée de Ségolène Royal.