Menaces à peine voilées d'Ariel Sharon à l'égard de la Jordanie, qui a averti lundi que Amman «aurait beaucoup à perdre d'une dégradation des relations» avec Israël à cause de sa participation active dans la campagne internationale contre la construction du mur de la honte en Cisjordanie. Poursuivant sa politique d'intimidation, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a mis en garde lundi la Jordanie qu'elle aurait beaucoup à perdre d'une dégradation de ses relations avec Israël à cause de sa participation active dans la campagne internationale contre la construction du mur de l'Apartheid en Cisjordanie. Sharon, qui s'adressait à la Commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, a, du même coup, accusé Amman «d'être à la pointe» de la campagne dans le monde arabe contre cet ouvrage. M. Sharon s'adressait à la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, qui débattait de la position du gouvernement sur la construction de la ligne de séparation avant les audiences de la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye qui débutent le 23 février. Jeudi dernier, Marwan Moasher, le ministre jordanien des Affaires étrangères, avait affirmé que son pays présenterait un dossier fin janvier à la CIJ contre la ligne de séparation, dont Amman demande la destruction. Si la communauté internationale «ne bouge pas», c'est «aux Arabes d'agir pour faire cesser la construction de ce mur», avait-il ajouté. La Jordanie est devenue en 1994 le deuxième pays arabe, après l'Egypte, à signer un traité de paix avec Israël. Prévu, au départ, pour empêcher l'infiltration d'activistes palestiniens en Israël, le mur était censé épouser grosso modo le tracé de la «ligne verte», la ligne de démarcation entre Israël et la Cisjordanie. Mais dans son tracé actuel, l'ouvrage s'enfonce par endroits très profondément en Cisjordanie pour protéger des colonies juives et les abords d'Al-Qods-est, occupée et annexée. Au niveau de l'ONU, l'Assemblée générale avait, le 8 décembre dernier, demandé à la CIJ un avis consultatif sur la légalité de la ligne de séparation en cours de construction en Cisjordanie occupée, qu'Israël qualifie de «clôture anti-terroriste» et les Palestiniens de «mur de l'apartheid». Dans un apparent souci de calmer les craintes d'Amman, le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom, a annoncé lundi, lors d'une conférence de presse, qu'il effectuerait bientôt, sans doute la semaine prochaine, une visite officielle en Jordanie, qui sera, a-t-il dit, la première par un ministre israélien des Affaires étrangères depuis août 1999. Shalom, qui a réitéré que le moment était venu pour Amman et le Caire de renvoyer un ambassadeur en Israël., a souligné que «la Jordanie n'est pas la Palestine et qu'Israël ne soutient pas une installation quelconque de Palestiniens en Jordanie». Israël attend toujours de la Jordanie qu'elle nomme un ambassadeur à Tel-Aviv, Amman ayant, comme Le Caire, reporté sine die en octobre 2000 le renvoi de son ambassadeur en Israël, qui avait été rappelé après le déclenchement de l'Intifada, en septembre 2000.