Le président français Nicolas Sarkozy a confirmé à Londres qu'il était une personnalité d'envergure internationale. La même appréciation lui avait déjà été faite lorsque la France présidait l'Union européenne. C'est une des nouvelles les plus parlantes, les plus heureuses que Nicolas Sarkozy ait reçu ces dernières heures. Sa côte de popularité ainsi que celle de son Premier ministre François Fillon ont bougé à la hausse, boostée par ce qu'il est convenu d'appeler «l'effet G20» pour résumer la longue séquence internationale qui vient de se terminer. Les sondages sont unanimes à confirmer ce frémissement à la hausse de Nicolas Sarkozy dont la côte d'amour chez les Français était verrouillée depuis longtemps dans la zone grise. Crise économique et financière oblige. Bonne nouvelle mais nouvelle presque prévisible. Nicolas Sarkozy avait travaillé sur cette séquence internationale de manière extrêmement lucide et réaliste contrairement aux apparences épidermiques qu'il a bien voulu montrer, de manière à pouvoir engranger un grand bonus en cas de réussite. Il est légitime de s'interroger aujourd'hui s'il ne s'agissait pas d'une opération de communication subtilement montée et finement exécutée. D'abord, il avait commencé par monter un psychodrame médiatique pour attirer l'attention sur sa personne dans un forum international qui ne manque ni d'étoiles charismatiques ni de vedettes planétaires. Il avait ouvertement menacé de quitter la table du G20 s'il n'y avait pas un accord minimal sur les paradis fiscaux. Ce coup de menton méditerranéen avait pour vocation de focaliser sur sa personne le seuil des attentes. Gordon Brown et Barack Obama, qui en savaient un rayon sur les visées de communication de Nicolas Sarkozy, avaient esquissé un sourire presque moqueur lorsqu'ils furent interpellés sur la possibilité d'un tel coup d'éclat. Le G20 était tellement décrit et dramatisé par certains comme une opération presque vouée à l'échec que quand le communiqué final avait étalé un consensus novateur et une volonté partagée de changer les choses, l'entêtement et l'activisme de Nicolas Sarkozy ont paru être les plus payants. Et dans ses déclarations post sommet, le président français n'avait aucun scrupule à suggérer que cette réussite était la sienne, à peine avait-il daigné partager ce triomphe avec la chancelière allemande Angela Merkel dont il loue de temps à autre l'engagement à ses côtés. Nicolas Sarkozy a confirmé à Londres qu'il était une personnalité d'envergure internationale. La même appréciation lui avait déjà été faite lorsque la France présidait l'Union européenne, mais à l'époque le doute permettait de dire que la magie de Bruxelles pouvait garantir une aura de prestige au dernier préfet de région. Nicolas Sarkozy vient de démontrer qu'il n'avait besoin ni de tribune ni de titre de «président de l'Europe» pour exister sur le plan international. Cette activisme a fini par payer. Selon le baromètre mensuel LH2 publié par le site du «Nouvel Observateur», 48% des Français déclarent avoir une opinion positive de Nicolas Sarkozy contre 42% en mars dernier. Sur un plan domestique, le président français a été involontairement aidé dans cette entreprise par l'appréciation bienveillante portée à gauche sur les résultats de ce G20 que Martine Aubry, premier secrétaire du PS, considère comme un pas heureux vers un certain multilatéralisme et vers une prise de conscience des excès du libéralisme financier. Mais à peine engrangé le bonus du G20, que la stature internationale de Nicolas Sarkozy est méchamment écornée par son ancienne adversaire à la présidentielle Ségolène Royal. Au cours d'un voyage au Sénégal, Ségolène Royal avait demandé «pardon » à l'Afrique pour le discours que Nicolas Sarkozy avait prononcé à Dakar en juillet 2007 et dans lequel il avait eu cette phrase malheureuse: «l'homme africain n'était pas suffisamment entré dans l'histoire». «Le pardon» de Ségolène Royal continue de susciter une vive polémique. Bernard Kouchner qui observe ces derniers temps un silence médiatique suspect, est sorti de sa réserve en qualifiant la réaction de Ségolène Royal d'«extraordinairement maladroite et très démagogique». Bernard Kouchner reconnaît par la même occasion que la phrase de Nicolas Sarkozy qui avait provoqué des polémiques «était sans doute maladroite (mais qu'elle) ne signifiait ni racisme ni jugement péjoratif».