Le président français, Nicolas Sarkozy, a nommé François Pérol à la tête de la Banque Populaire et de la Caisse d'Epargne auxquelles l'Etat français avait décidé d'apporter sept milliards d'euros pour compenser leurs pertes sur les marchés financiers. Alors que Nicolas Sarkozy bataillait vaillamment pour reformer le système financier et sauver le capitalisme mondial à Londres, un début d'incendie politique était en train de prendre à la maison. Le parquet venait d'ordonner une enquête préliminaire confiée aux policiers de la brigade financière, visant François Pérol, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée que Nicolas Sarkozy venait de placer à la tête du dernier-né du monde de la banque issu de la fusion entre Banque Populaire et Caisse d'Epargne. Une entité géante qui va compter près de 110.000 salariés, avec 8.000 agences en France, et 34 millions de clients. Cette procédure a été lancée à la suite de deux plaintes déposées par deux associations «Anticor» et «Les contribuables associés» et visait à déterminer si dans cette nomination d'un proche du président de la République, il n'y avait pas de «prise illégale d'intérêt», un chef d'accusation passible de 5 ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende. L'affaire «François Pérol» n'est qu'à son second rebondissement spectaculaire. Le premier fut lorsque Nicolas Sarkozy, dans une maladroite précipitation, avait assuré qu'il avait obtenu le feu vert de la commission de déontologie de la fonction publique alors que cette dernière ne s'était pas réunie pour se prononcer sur le sujet. Cette situation, qui a fait passer Nicolas Sarkozy pour un affabulateur et a failli provoquer la démission collective des membres de cette commission, a été lourdement exploitée par l'opposition qui avait concentré ses critiques sur les excès du «pouvoir personnel» de Nicolas Sarkozy. Mais cette tempête politique, si violente soit elle, n'avait pas empêché le président de la République de procéder à la nomination de François Pérol les 25 et 26 février à la tête de chacune des banques auxquelles l'Etat français avait décidé d'apporter sept milliards d'euros pour compenser leurs pertes sur les marchés financiers. Nicolas Sarkozy croyait sans doute la polémique close après les gesticulations d'usage de l'opposition. Erreur. L'affaire vient d'être relancée sur un plan politique par l'ouverture de l'enquête de police préliminaire qui vise François Pérol en personne. Le député socialiste, Arnaud Montebourg, qui avait mené un des plus durs réquisitoires contre cette nomination, est optimiste quant à l'issue de cette enquête et se permet le luxe de donner des conseils à François Pérol : «Nous avons besoin de stabilité, de sécurité, et de confiance. Je crois qu'il est préférable que M. Pérol remette sa démission et retourne d'où il vient, c'est-à-dire du secrétariat général de la présidence de la République». Les socialistes avaient déjà repris le fouet des critiques pour stigmatiser la décision de Nicolas Sarkozy comme l'a fait le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault : «C'est une faute politique du président de la République d'avoir placé là son secrétaire général adjoint et de l'obliger à dire, devant la commission des finances, qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêt (…) Il y a conflit des genres et conflit d'intérêt politique et moral». Même le villepiniste Hervé Mariton ne peut s'empêcher d'exprimer quelques réserves sur la méthode de nomination : «Je suis favorable à la présence de François Pérol à la tête de l'ensemble Banque Populaire-Caisse d'Epargne, J'aurais préféré que tout cela se règle devant la commission de déontologie plutôt que mobiliser aujourd'hui l'enquête préliminaire». De retour de Londres, Nicolas Sarkozy aura à gérer les suites de cette affaire et ses possibles conséquences sur le monde de la finance durement secoué par la crise économique et les tentations interventionniste de l'Etat. Son style de gouvernance tranché et son tempérament excluent pour le moment d'envisager un recul de sa part en procédant à l'exfiltration de François Pérol. Mais la phase judiciaire dans laquelle l'affaire a été précipitée a de fortes chances de continuer à nourrir la polémique politique qui empêche le travail dans la sérénité indispensable à un grand groupe bancaire comme celui qui vient d'être constitué et confié dans la précipitation à François Pérol.