Nicolas Sarkozy et surtout François Fillon qui s'est chargé de communiquer sur cette mesure inédite, ne font que suivre une piste déjà tracée par le gouvernement de Gordon Brown. C'est une des mesures les plus spectaculaires prises par l'Etat français depuis que Nicolas Sarkozy, président de l'Union européenne, s'est investi avec sa fougue habituelle dans sa mission de sauver et de refonder le système financier international. Il s'agit d'injecter 10,5 milliards d'euros dans six grandes banques françaises avec l'objectif annoncé de renforcer leurs fonds propres pour augmenter leurs capacités à proposer des crédits aux ménages pour relancer la consommation, aux PME pour créer de l'emploi et aux collectivités locales pour surmonter la crise actuelle. Christine Lagarde, ministre de l'Economie, avait détaillé cette aide de l'Etat aux principaux acteurs et animateurs financiers de l'économie française. Ainsi Le Crédit Agricole, BNP Paribas, Le Crédit mutuel, la Caisse d'Epargne et la Banque populaire vont se partager à part inégale cette manne financière. En fait, Nicolas Sarkozy et surtout François Fillon qui s'est chargé de communiquer sur cette mesure inédite ne font que suivre une piste déjà tracée par le gouvernement britannique de Gordon Brown lorsqu'il avait annoncé son intention de mobiliser 47 milliards d'euros pour sauver les trois grosses banques du pays que sont la Royal Bank of Scotland, HBOS et Lloyds TSB. Pour anticiper une polémique que la gauche serait tentée de mener, Christine Lagarde explique qu'à travers ces aides, «l'Etat ne fait pas de cadeaux aux banques» et que contrairement aux apparences, ces fonds injectés «généreront des revenus substantiels pour l'Etat». Le tout, sans que l'Etat français devienne actionnaire. Intervenant devant le Parlement européen de Strasbourg, Nicolas Sarkozy a redit sa profession de foi dans cette crise : «Ce qui s'est passé, c'est la trahison des valeurs du capitalisme, ce n'est pas la remise en cause de l'économie de marché». Une des idées lancées par Nicolas Sarkozy à Strasbourg, outre la tenue d'un sommet extraordinaire de l'UE, la création des fonds européens souverains en vue «d'apporter une réponse industrielle à la crise». Nicolas Sarkozy a, par ailleurs, tenté de rajouter un autre verrou de sécurité en annonçant qu'«aucune banque renflouée par l'argent public ne devrait être autorisée à travailler avec des paradis fiscaux». Cette déclaration intervient à un moment crucial où, sous la pression des Français et des Allemands, Paris abritait mardi une rencontre d'une vingtaine de pays occidentaux pour examiner les meilleurs moyens d'encadrer les paradis fiscaux. Au jour d'aujourd'hui, ce qui fait débat autour de cette décision du gouvernement français de renflouer les liquidités des grandes banques, touche moins la stratégie financière d'ensemble, que la rémunération des dirigeants d'entreprise avec leurs parachutes dorés. Avec une infinie pudeur étalée sur une épaisse langue de bois, Christine Lagarde, ministre de l'Economie s'est permise de faire allusion au sujet quand, en contrepartie de cette aide financière, elle avait demandé aux banques «des engagements de nature économique et de nature éthique». Pour sa part, l'opposition continue d'exploiter ce filon des patrons coupables de la mauvaise gestion de leurs entreprises et qui se retrouvent avec de gigantesques indemnités. Tandis que Ségolène Royal avait proposé d'interdire la profession bancaire à tous ceux qui ont fauté, le premier secrétaire du PS, François Hollande affirme qu'«il faut aller plus loin et s'attaquer aux rémunérations des dirigeants d'entreprises». Parallèlement à ce débat sur l'urgence et la nécessité de porter secours à un secteur bancaire sinistré, incapable de jouer pleinement son rôle dans la relance de l'économie, les socialistes n'ont pas voulu rester en retrait. Un de ses remuants animateurs vient de formuler une proposition qui a de fortes chances de faire débat. Il s'agit du député Arnaud Montebourg. Il propose «La création d'un service public du crédit, qui soit géré par la Caisse des dépôts et consignations, une institution solide qui a su rester à l'écart de la spéculation, pourrait répondre aux besoins de financement de l'économie».