Le plan marocain anticrise a choisi l'aide structurelle ou institutionnelle — soutenir les exportations par des mécanismes appropriés — au détriment de l'aide cash, frontale, chiffrée et ciblée. On ne peut pas nier, pour être totalement fair-play, que les mesures prises par le gouvernement de Abbas El Fassi pour lutter contre les effets de la crise vont, d'une manière générale, dans le bon sens. Mais est-ce suffisant ? La réaction est peut-être un peu tardive mais elle est substantielle. Cela dépendra de l'évolution de la crise. Le fait que les pouvoirs publics, les banques et le patronat soient entrés en concertation — en résonance — pour préparer le cadre conventionnel de la riposte, cela a une portée pédagogique et psychologique non négligeable. Ce plan peut agir, effectivement, davantage sur la perception de la crise qui, elle, met en jeu, en cascade, des facteurs de confiance que sur la crise, elle-même, dont la propagation est plus lente en fonction du degré d'ouverture des secteurs et de l'état d'avancement de leur mise à niveau. Cependant, le plan marocain anticrise a choisi l'aide structurelle ou institutionnelle — soutenir les exportations par des mécanismes appropriés — au détriment de l'aide cash, frontale, chiffrée et ciblée. Il prend, ainsi, le risque, en tournant le dos à l'aide directe, d'annuler les bienfaits de ses mesures par le poids de la bureaucratie, par la persistance de déviances administratives ou par, tout simplement, l'incompétence. Le Maroc n'a certainement pas les moyens d'aligner des milliards d'euros ou de dollars comme les pays du Nord pour sauver des pans entiers de leurs économies quitte, pour le moment, à nationaliser, un peu, ce qui peut l'être. Nous, l'on devrait, tout de même, faire très attention de ne pas devenir, caricaturalement, plus libéraux que les libéraux. Il vaut mieux être un «étatiste» vivant qu'un libéral mort. Oui, certainement, plutôt vivant que mort.