Le marché tunisien est peut-être limité géographiquement parlant, mais il présente un potentiel de croissance important en raison de l'émergence d'une classe moyenne adepte à la technologie. En vue de dynamiser le secteur des télécoms, le gouvernement tunisien s'est engagé à lancer un appel d'offres international l'année prochaine pour l'attribution d'une nouvelle licence de téléphonie globale, visant ainsi à libérer le secteur de la téléphonie fixe de l'actuel monopole public tout en accueillant un troisième opérateur sur le marché de la téléphonie mobile. Selon la presse locale, le lauréat de l'appel d'offres, qui sera destiné aux opérateurs nationaux et internationaux, sera connu début 2010. Les précisions relatives au contenu de l'appel d'offres, à savoir si le réseau fixe actuel sera mis à disposition du nouvel opérateur ou si ce dernier devra créer sa propre infrastructure, n'ont pas encore été révélées. Il y a lieu de rappeler que la Tunisie parle d'attribuer une troisième licence de téléphonie mobile depuis des années. Néanmoins, l'entrée en service d'un nouvel opérateur global a été favorisée dans la mesure où elle permettra de donner un nouvel élan au secteur dans son ensemble. Si le marché du mobile se trouve déjà en proie à une concurrence féroce entre l'opérateur public Tunisie Télécom et l'opérateur privé Tunisiana, le marché du fixe, quant à lui, s'essouffle depuis plusieurs mois. (...) Aujourd'hui, le parc d'abonnés à la téléphonie fixe, dominé par Tunisie Télécom, est en nette régression, avec une baisse de 2 800 abonnés de fin 2007 à septembre 2008, selon les chiffres publiés par le ministère de la Technologie et de la Communication. A contrario, le segment du mobile a connu une formidable croissance, passant de 7,8 millions à la fin 2007 à 8,4 millions d'abonnés en septembre 2008, ce qui représente un taux de pénétration de 80%, sachant que la majeure partie des abonnés utilise des cartes prépayées. Dans l'ensemble, plus de 92% des 10,2 millions de Tunisiens ont un abonnement téléphonique fixe ou mobile. Au cours de l'année écoulée, la perspective d'une concurrence accrue a permis à Tunisie Télécom de dynamiser les offres et les services au niveau (...). Même si ces avancées sont relativement récentes, l'activité Internet enregistre déjà une nette progression avec une hausse de 40%, soit près de 2,31 millions d'utilisateurs, contre 1,66 million au cours de la même période en 2007. (...). Pareillement, l'arrivée d'un nouvel opérateur sur le marché de la téléphonie mobile, qui affiche un taux de pénétration proche de 100%, incite les deux opérateurs existants à élargir leur palette de services, avec un succès mitigé. (...). Pourtant, bien des obstacles persistent. Bien que le téléchargement de contenus et les services associés offrent un potentiel de revenu important pour les opérateurs de téléphonie mobile, les restrictions réglementaires fixées par l'Instance nationale des télécoms (INTT) limitent leur essor en Tunisie. De même, la téléphonie de troisième génération (3G) est actuellement confinée au stade d'expérimentation. (...). La Tunisie se dirige progressivement vers une ouverture totale du secteur des télécoms, entamée en 2002 après l'octroi d'une deuxième licence de téléphonie mobile à la société Tunisiana, avec pour actionnaires le groupe égyptien Orascom Télécom et la société koweïtienne Wataniya (dont les parts ont été rachetées par Qatar Telecom). L'arrivée de Tunisiana sur le marché a rapidement fait son effet, comme en témoigne la baisse fulgurante des prix. Les cartes SIM, par exemple, qui coûtaient 120 dinars tunisiens (86 dollars) il y a quelques années, sont aujourd'hui vendues sur le marché à 5 dinars tunisiens (4 dollars). À la fin 2007, Tunisiana annonçait une croissance annuelle de 19% et plus de 3,6 millions d'abonnés, soit une part de marché de près de 50%. Et selon les premières estimations pour 2008, la compagnie compterait 4 millions d'abonnés d'ici à la fin de l'année. Suite à l'entrée en service réussie de Tunisiana, le gouvernement a opté pour une privatisation partielle de l'opérateur historique Tunisie Télécom, mettant en vente 35% de son capital à travers un appel d'offres international. L'ouverture de capital, qui s'est tenue en 2006, a suscité l'intérêt de nombreux opérateurs régionaux, à l'instar de France Télécom, Vivendi, Etisalat et Saudi Oger. Tecom-Dubai, filiale du groupe Dubaï holding, La compagnie émiratie Tecom-Dig, a remporté le marché de la cession partielle moyennant une offre de 2,25 milliards de dollars. Depuis lors, Tunisie Télécom est l'une des sociétés les plus performantes sur le marché boursier national, même si elle n'a toujours pas engagé de changements opérationnels fondamentaux. Une deuxième vague de privatisation est attendue, bien qu'aucune date n'ait encore été fixée. Le marché tunisien est peut-être limité géographiquement parlant, mais il présente un potentiel de croissance important en raison de l'émergence d'une classe moyenne et adepte à la technologie. Néanmoins, le monopole de la téléphonie fixe plombe les résultats du secteur et limite l'investissement dans l'infrastructure, soulignant ainsi le besoin d'un nouvel opérateur pour pouvoir intensifier la concurrence et stimuler la croissance. • Oxford Business Group (1er décembre 2008)