En termes d'aptitude technologique, d'accessibilité et de réglementation, la Tunisie devance plusieurs pays dans la région comme la Jordanie (47ème) et le Maroc (74ème). Le ministère tunisien des Technologies de la communication a annoncé le mois dernier que le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) avait enregistré une croissance rapide durant les huit premiers mois de l'année, ce qui témoigne des progrès réalisés par le pays pour développer une économie numérique. Selon les données publiées par le ministère, la part du secteur des TIC dans le Produit Intérieur brut (PIB) s'est renforcée pour atteindre près de 10% en septembre 2008, contre 7,8% au début de l'année 2007. Ce résultat est en accord avec l'objectif gouvernemental qui est d'accroître la contribution du secteur à 13,5% du PIB d'ici 2012. Selon les communiqués du ministère, la croissance du PIB est essentiellement due à deux facteurs : la hausse de la demande et l'amélioration du climat des affaires (...). Dans son Rapport mondial sur l'usage des technologies de l'information, la Tunisie a été classée 35ème par le Forum économique mondial en termes d'aptitude technologique, d'accessibilité et de réglementation, et deuxième au Maghreb et en Afrique après les Emirats arabes unis. Si un tel classement ne présente qu'une grille comparative de la compétitivité de différents pays, la Tunisie devance plusieurs pays dans la région comme la Jordanie (47ème) et le Maroc (74ème). Concrètement, plus de 90% du chiffre d'affaires du secteur des TIC tunisien provient d'opérateurs nationaux, un chiffre qui démontre le processus de digitalisation du marché intérieur, grâce, en partie, à l'engagement du gouvernement à promouvoir le secteur. Le 11ème Plan de développement, par exemple, qui a été annoncé l'année dernière et qui définit les priorités économiques de la Tunisie jusqu'à la fin 2011, s'est fixé comme objectif d'atteindre 1,9 milliard d'investissement public dans le secteur des TIC au niveau national. Parmi les nouvelles procédures législatives figure la loi N° 2007-13, qui a été adoptée pour appuyer la création de petites et moyennes entreprises en obligeant l'Etat à couvrir un quart des salaires des employés qualifiés pour une période pouvant aller jusqu'à trois ans, et cinq années après la création de la société. Parallèlement, la révolution numérique encourage les organes gouvernementaux à prendre des initiatives en matière de gouvernement électronique, visant à transférer un nombre croissant de services de guichet en ligne (déclarations douanières, paiement des impôts et renouvellement de permis), favorisant ainsi une hausse sensible des dépenses gouvernementales en matière de logiciels et de matériel informatique au sein des ministères et des entreprises publiques. Actuellement, le gouvernement tunisien compte pour plus de 80% des dépenses effectuées au niveau national. Le secteur des TIC bénéficie également du succès des programmes de modernisation industrielle et financière financés par le gouvernement. Ces programmes, qui sont destinés à améliorer son propre fonctionnement ainsi que les services administratifs, ont stimulé la demande de nouveaux logiciels de modélisation et de gestion de données. Par ailleurs, un décret a été publié au mois de juillet 2008 mettant en place un nouveau cadre réglementaire et technique et fixant les conditions de fourniture du service de téléphonie sur protocole Internet (VoIP), qui était jusqu'alors interdit. Ces nouvelles réglementations ont pour objectif de généraliser l'accès aux produits VoIP, permettant ainsi de réduire les coûts des services de télécommunications fixes, ainsi que d'améliorer la compétitivité du secteur télécoms et d'encourager la modernisation du réseau télécoms. Le service VoIP représente un élément clé pour impulser les marchés de détail, qui en sont à leurs débuts et qui connaîssent une forte croissance ces huit derniers mois. Le nombre d'usagers internet, par exemple, a augmenté de près de 40% à hauteur de 2,31 millions, contre 1,66 million durant la même période 2007. Si la connexion très haut débit reste relativement limitée en raison des coûts élevés et des difficultés d'accès, le nombre d'abonnés ADSL a tout de même progressé de manière significative, puisqu'il a été multiplié par deux pour atteindre 166 000 abonnés en septembre 2008. L'adhésion a été renforcée ces dernières années grâce, en partie, au projet du PC familial, en partenariat avec la banque de solidarité tunisienne qui offre des prêts à taux zéro pour l'achat d'un ordinateur. Au total, ce sont plus de 22 000 ordinateurs qui ont été achetés par le biais de ce projet, tandis que le taux d'équipement de PC dans les foyers a été multiplié par trois depuis 2007 et dépasse maintenant les 634 000. L'emploi dans le secteur est aussi un objectif phare des entreprises opérant dans le secteur des TIC. Dans le cadre du 11ème Plan de développement, le gouvernement entend créer 10 000 nouveaux emplois par an dans les technologies de l'information, ce qui constitue un objectif ambitieux étant donné que le marché ne compte actuellement que 9000 postes. Cette mesure entend apporter un élément de réponse à l'arrivée des 13 000 nouveaux diplômés en technologies de l'information chaque année, ainsi qu'aux 42 000 étudiants actuellement inscrits dans un cursus relatif aux technologies de l'information. Avec un taux de chômage frôlant les 14%, l'importance de ces initiatives de croissance ne peut pas être sous-estimée. • Oxford Business Group 4 Novembre 2008