Des efforts de relooking sont entrepris par les islamistes marocains en prévision des élections de septembre 2002. Enjeu, récupérer l'électorat déçu. Si les conditions de transparence sont respectées, nous prendrons part aux élections de 2002, confiait il y a quelque temps Nadia Yassine, fille de cheikh Yassine, guide du mouvement Al Adl Wal Ihssane à la revue parisienne Arabies. Nadia Yassine, la figure la plus médiatisée du mouvement, jetait ainsi un pavé dans la marre en remettant en question le positionnement de l'association de Cheikh Yassine, et par extension celui de bien des tendances islamistes, à l'égard des consultations électorales au Maroc. Al Adl Wal Ihssane, depuis sa création avait rejeté toute idée de participation aux opérations électorales. Ces déclarations de son porte-parole officieux témoignaient en fait de l'arrivée à terme d'un long processus d ‘évolution entamé au lendemain de la levée de l'assignation à résidence de Cheikh Abdeslam Yassine. Les islamistes marocains auront, peut-être dans cette perspective électorale, employé l'année 2001 à ancrer l'idée d'un positionnement non-violent, prônant le dialogue. Une façon de mettre la balle dans le camp des autorités, qui dans cette optique seraient embarrassées de ne pas donner suite aux demandes de régularisation formulées par l'association. Un enjeu tactique aussi. Ne serait-ce que pour mesurer une fois pour toutes la véritable étendue de ce supposé éventuel raz de marée islamiste qui pourrait s'illustrer lors de consultations électorales auxquelles participeraient toutes les tendances. Déjà l'inquiétante désaffection des Marocains à l'égard des formations politiques révélée par les sondages à la hauteur exorbitante de 87 pc, ouvre la voix à bien des supputations. L'électorat marocain s'il n'est pas franchement tourné vers les futurs candidats islamistes, semble du moins, à en croire ces consultations, bien disposé à l'égard des représentants de cette frange qui ont choisi de prendre part au jeu politique. En attendant, les efforts de relooking des islamistes sont bel et bien en cours. Même la question des camps de vacances, occasion d'affrontements saisonniers entre islamistes et forces de l'ordre, semble avoir cette année été mise de côté. Pour raisons tactiques, semble-t-il.