La faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers suscite l'inquiétude des milieux d'affaires qui redoutent le déclenchement d'une crise économique à l'échelle mondiale. Cette crise, si elle survenait, pourrait avoir d'importantes implications sur le processus de paix au Proche-Orient. Le 16 septembre 2 008, tous les journaux, aux quatre coins de la planète, ont fait leur Une principalement avec la faillite, spectaculaire, de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, fondée il y a 158 ans, et par le rachat de Merill Lynch par la Bank of America. Ces deux événements symbolisent les répercussions profondes de la crise américaine des «subprimes» ( prêts hypothécaires) sur la santé des marchés financiers internationaux. A tel point que, de Paris à Washington, en passant par Singapour et Tokyo, les quotidiens n'hésitent pas à prédire, du moins pour les plus pessimistes d'entre eux, une crise analogue à celle de 1929 ou, tout au moins, une récession économique grave. Les plus optimistes espèrent que l''intervention des différentes banques centrales et des institutions issues des accords de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) permettront d'éviter le pire même si l'on doit craindre un très net ralentissement de la croissance économique mondiale et une hausse généralisée de l'inflation. La très sérieuse crise traversée par l'économie américaine aura, quoi qu'il en soit, de profondes répercussions sur le plan politique et diplomatique. Elle introduit une nouvelle donne dans la course à la présidentielle américaine de novembre prochain, alors que les candidats démocrate et républicain, les sénateurs Barak Obama et John McCain sont au coude à coude dans les sondages. Les deux hommes ont relativement peu d'expérience en ce qui concerne les questions économiques tout comme les candidats à la vice-présidence, le sénateur démocrate Jo Biden et la gouverneur républicaine de l'Alaska, Sarah Palin. Les deux candidats prônent une refonte des mécanismes de contrôle de Washington sur les marchés et soulignent que l'économie américaine pouvait trouver en elle les moyens de surmonter l'épreuve. Il n'en reste pas moins que la crise actuelle constitue pour les Républicains une mauvaise affaire. Le second et dernier mandat de George Bush Jr se termine sur une crise financière grave et cet échec pourrait bien profiter aux démocrates et redonner à Barak Obama un avantage dans la course à la Maison-Blanche. La seconde conséquence de l'actuelle crise financière aux Etats-Unis est d'ordre diplomatique. Elle risque d'influer sur les principales questions en suspens dans l'arène internationale, principalement sur celles touchant à la situation au Proche-Orient. On peut d'ores et déjà supposer que cette crise se traduira par une réduction drastique des dépenses publiques. Des coupes qui concerneront notamment la Défense. L'on voit mal dans ces conditions les Etats-Unis se lancer dans une coûteuse opération militaire contre le programme nucléaire iranien. Cette intervention est d'ailleurs condamnée par plusieurs anciens responsables de la diplomatie américaine, Henry Kissinger, Madeleine Albright, James Baker et Colin Powell, dans un texte commun. La crise financière risque surtout d'avoir un impact sur les négociations israélo-palestiniennes dont l'issue peut dépendre étroitement du soutien massif financier que pourrait apporter la communauté internationale au financement du futur Etat palestinien et à l'indemnisation des réfugiés en échange de leur renonciation au droit du retour ailleurs que dans leur nouvelle patrie. Il semble peu vraisemblable que les pays ayant participé à la Conférence des donateurs, en décembre 2 007, à Paris, puissent tenir l'ensemble des engagements qu'ils avaient alors souscrits. De même, il semble peu probable que les Etats-Unis acceptent, comme l'avait suggéré George Bush en janvier 2 008, de jouer un rôle majeur dans la mise en place des procédures d'indemnisation éventuelle des réfugiés palestiniens. Autant de faits qui pourraient peser lourd dans la balance lors des prochaines discussions israélo-palestiniennes et qui confirment bien la mondialisation de la vie politique. Une crise à Wall Street a des répercussions immédiates, et pas simplement économiques, dans les rues de Ramallah ou de Tel Aviv. Pour le meilleur comme pour le pire.