La police israélienne estime disposer d'informations suffisantes pour recommander au conseiller juridique du gouvernement, Menny Mazuz, de mettre en examen pour «corruption, blanchiment d'argent et trafic d'influence» le Premier ministre. Les enquêteurs du Parquet israélien ont bouclé la quasi-totalité de leurs investigations dans les différents dossiers pour lesquels Ehoud Olmet fait l'objet d'une procédure judiciaire. Ces dossiers concernent aussi bien les sommes d'argent en liquide qu'il a reçues d'un homme d'affaires américain, Morris Talansky, que ses interventions en faveur de sociétés conseillées par son ancien associé, l'avocat Ouri Messer ou les conditions très avantageuses dont il a bénéficié pour l'achat de sa résidence privée, rue Crémieux à Jérusalem. Le dimanche 7 septembre 2008, la police a décidé de recommander au conseiller juridique du gouvernement, Menny Mazuz, la mise en examen du Premier ministre, une première dans l'histoire politique israélienne. D'autres chefs de gouvernement ont fait l'objet d'enquêtes, en particulier Benyamin Netanyahou, Ehoud Barak et Ariel Sharon, mais aucune de ces procédures n'a abouti. L'étau de la justice se resserre donc autour d'Ehoud Olmert à dix jours des élections primaires au sein de son parti, Kadima, qui doivent désigner son successeur. Reste que le conseiller juridique du gouvernement mettra plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant de faire connaître sa décision. S'il optait, comme le pensent la plupart des observateurs, pour une mise en examen du chef du gouvernement, le procès n'aurait lieu que fin 2009, début 2 010. Même si ce nouvel épisode d'un interminable feuilleton juridico-politique affaiblit considérablement la position du Premier ministre, celui-ci continuera à diriger le gouvernement et à expédier les affaires courantes après sa démission au lendemain des primaires de Kadima. La loi fondamentale israélienne le lui en fait obligation jusqu'à la mise sur pied d'une coalition disposant d'une majorité d'au moins 61 sièges à la Knesset, le Parlement israélien. Dans le cas contraire, au terme d'un délai de 45 jours, la Knesset peut procéder à sa dissolution et des élections législatives anticipées doivent être organisées dans un délai de cent jours. Le chef du gouvernement continuera alors à exercer la direction effective des affaires de l'Etat. Donc, la recommandation formulée par la police israélienne risque fort de ne pas avoir de conséquences immédiates et que Israël s'enfonce un peu plus dans une crise politique préjudiciable à la conclusion d'un accord de paix avec les Palestiniens ou à la réussite des discussions indirectes menées entre Israël et son puissant voisin syrien. Dans l'immédiat, l'affaire risque surtout de creuser l'écart entre les différents candidats à la succession d'Ehoud Olmert, en particulier entre la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tsippi Livni, et le ministre des Transports Shaül Mofaz. La première fait figure de «Madame propre» de la classe politique israélienne connue pour sa condamnation sans appel de la corruption. Le second traîne derrière lui certains dossiers délicats, liés aux affaires très particulières de son frère dans le trafic d'armes ou aux sommes d'argent qu'il a reçues de plusieurs magnats juifs iraniens installés aux Etats-Unis. Ces rumeurs pourraient fournir à Tsippi Livni l'occasion de devancer définitivement son principal rival et de l'emporter haut la main dès le premier tour des primaires, le 17 septembre. Un dernier sondage lui donne en effet vingt points d'avance sur Shaül Mofaz.