Hassan Tarek, membre du Conseil national de l'USFP, met en garde contre l'échec du deuxième tour du congrès de son parti, affirmant que cet échec n'épargnera aucun membre de la famille ittihadie. ALM : L'absence d'un consensus quant au mode électoral des instances dirigeantes de l'USFP laisse planer de nouvelles inquiétudes sur les chances de succès de votre 8ème congrès. Partagez-vous ces inquiétudes ? Hassan Tarek : Nous vivons aujourd'hui au rythme de l'échec du premier tour de notre 8ème congrès. Nous n'avons, actuellement, qu'un seul choix : réussir le deuxième tour car l'inverse aurait des effets désastreux pour tous les membres de l'USFP. Les membres du bureau politique doivent se mettre d'accord sur une formule, ou une feuille de route, pour surmonter toutes sortes de différends. Cette formule doit préciser la manière avec laquelle seront relancés les travaux du congrès, décider si l'on doit garder la formule initiale du rapport organisationnel élaboré par la commission préparatoire du congrès ou proposer un plan B comportant une alternative en substitution au mode de scrutin (scrutin de liste) pour élire les instances dirigeantes du parti, dont le Premier secrétaire, les membres du bureau politique et ceux du Conseil national. L'accord souhaité facilitera la tâche au Conseil national pour trancher plusieurs points, dont celui de la date du prochain congrès, et nous donnera la garantie que nous irons au congrès sans courir le risque d'un nouvel échec. Quelles seront les conséquences du décès dernièrement du président de la commission préparatoire du 8ème congrès, Mohamed Benyahya ? J'imagine que, sur le plan émotionnel, ce décès aura un impact certain et coûteux, d'autant plus que le regretté Benyahya avait géré la préparation du 8ème congrès avec professionnalisme et une remarquable abnégation. L'absence d'accord sur la participation ou non au gouvernement est un autre risque pour votre congrès. Qu'en pensez-vous ? Le 8ème congrès de l'USFP doit dégager une ligne politique de manière à répondre aux questions soulevées depuis le scrutin du 7 septembre 2007. Après le 7 septembre, il s'est avéré que les Marocains ont choisi la droite (Parti de l'Istiqlal, Parti de la justice et du développement et l'Union constitutionnelle). L'USFP aurait donc mieux fait de revenir à l'opposition. Et cette possibilité aurait eu des effets positifs non seulement sur le parti mais sur l'ensemble du champ politique national. Pour l'USFP, le retrait du gouvernement aurait pu l'aider à reprendre son souffle et des couleurs, après 9 ans de participation gouvernementale. Et puis, cette initiative aurait pu dégager une équipe gouvernementale homogène puisque formée uniquement de partis de la droite. Les initiateurs de l'Appel pour la refondation de l'USFP avaient exprimé à la veille du 8ème congrès leur soutien à la candidature d'Abdelouahed Radi au poste de premier secrétaire. Qu'en est-il maintenant ? Il y a d'abord lieu de rappeler que le candidat Radi s'était engagé à convoquer un 9ème congrès au bout de deux ans, ce qui veut dire que le 8ème ne serait pas un congrès pour la refondation mais uniquement un congrès pour gérer la période transitoire. Et puis, le candidat Radi s'était engagé à présenter sa démission du ministère de la Justice en cas d'élection au poste de premier secrétaire du parti. Cet engagement avait suscité un grand soulagement dans les rangs militants de l'USFP, qui y ont décelé un signal encourageant pour la moralisation de la vie publique. Et puis après, M. Radi s'était engagé à rajeunir les instances dirigeantes du parti. La question, maintenant, est de savoir si M. Radi tient toujours à ses engagements, après l'échec du premier tour du congrès. La création de la coalition de gauche va bon train. Quelle sera la place de l'USFP dans ce nouveau bloc ? L'USFP doit revenir à son entourage naturel, en l'occurrence le pôle de gauche d'autant plus que ce parti a joué un rôle historique au sein de la famille de gauche. Je pense que les conditions sont, actuellement, réunies pour réaliser cet objectif, sachant bien que l'USFP partage avec les autres partis de gauche plusieurs points, dont notamment celui de la réforme constitutionnelle.