Après qu'un attentat à la grenade, perpétré jeudi dans une gare routière de Srinagar, a fait cinq morts, la police indienne impose un couvre-feu. Un couvre-feu a été imposé à Jammu, au Jammu-et-Cachemire indien, où les hindous ont appelé à manifester jeudi, alors que deux attaques attribuées aux séparatistes musulmans qui ont fait neuf morts dans la région himalayenne contestée. Le couvre-feu à Jammu, ville à prédominance hindoue dans le seul Etat à majorité musulmane de la fédération indienne, vise à « maintenir la loi et l'ordre », après l'appel à la grève générale lancé par les hindous pour jeudi. Les troubles ont été déclenchés par la mort mercredi d'un manifestant hindou au cours d'une manifestation contre la récente décision gouvernementale d'annuler un transfert de terres à un sanctuaire hindou. À Jammu, magasins et écoles étaient donc fermés, la circulation automobile interdite et les habitants appelés à rester chez eux. Dans le même temps, cinq personnes, dont trois enfants, ont été tuées et 15 autres blessés dans un attentat à une station de bus à Srinagar, la capitale d'été de l'Etat, selon le porte-parole de la police Prabhakar Tripathi. A Marmath, 230 km au sud-ouest de Srinagar, quatre personnes ont par ailleurs été abattues par des assaillants non-identifiés. La police pense qu'il s'agissait d'une opération de représailles des séparatistes musulmans contre un ancien militant. Le mois dernier, les autorités de l'Etat avaient décidé de transférer 40 hectares de terres à un fonds gérant le sanctuaire hindou de Shri Amarnath. Des centaines de milliers d'hindous se rendent chaque année à ce sanctuaire, où ils vénèrent une incarnation de Shiva, le dieu de la destruction et de la renaissance. Les séparatistes musulmans ont souvent pris ce pèlerinage pour cible. Les Cachemiris musulmans ont dénoncé cette décision, considérant qu'il s'agissait d'une tentative d'augmenter les zones de peuplement hindou afin de modifier la démographie du Jammu-et-Cachemire. De grandes manifestations anti-indiennes ont donc eu lieu, parmi les plus importantes en près de 20 ans, contraignant au bout d'une semaine les autorités à revenir sur leur décision, ce qui a cette fois déclenché la colère des Hindous. Au moins six personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées depuis le début de cette querelle.