Ce dimanche 13 juillet, l'ensemble de la famille méditerranéenne, à l'exception notoire de Mouammar Kadhafi, sera au rendez-vous sur une photo inédite, à arborer un sourire grave dans une posture historique. Une seule réalité politique compte pour Nicolas Sarkozy dont le pays préside l'Union européenne. Ce dimanche 13 juillet, l'ensemble de la famille méditerranéenne, à l'exception notoire de Mouammar Kadhafi, sera au rendez-vous sur une photo inédite, à arborer un sourire grave dans une posture historique. Des frères ennemis, des rivaux ataviques, des voisins qui se regardent en chiens de faïence, bombent le torse et manœuvrent dans l'ombre. Ils seront tous là autour d'une table ronde pour lancer les fondation de l'UPM. Avant même d'avoir lieu, ce sommet de l'Union pour la Méditerranée est déjà considéré par l' Elysée comme un pari presque gagné. Parvenir en si peu de temps à convaincre des chefs d'Etat antagonistes et récalcitrants à se joindre à cette aventure politique collective est à mettre au crédit du dynamisme personnel de Nicolas Sarkozy porté par une croyance sans fard sur la nécessité de réunir dans un seul bateau les riverains de la Méditerranée. Devant cette performance indéniable, peu d'observateurs se hasarderaient à faire remarquer que le projet méditerranéen de ce dimanche 13 juillet est si loin et si différent, en terme d'ambitions et de rêves, du discours de Tanger. Il est vrai qu'à ce moment là, le président français exprimait des rêves en solitaire oubliant le poids de son voisinage européen. Depuis la machine allemande est passée, donnant plus de réalisme à un projet jugé sinon irréalisable du moins en complète confrontation avec les mécanismes de l'Union européenne. Mais même dans sa version modeste, quatre hommes ont marqué le sprint final de cette grande négociation autour du destin de la Méditerranée. Certains ont insufflé de l'espoir au projet, d'autres ont donné du fil à retordre à Nicolas Sarkozy. Le premier est Bachar Al Assad. En s'ouvrant sur un tel projet, le président syrien non seulement désarme tout ceux qui dissimulent leur refus de participer à cette aventure derrière le prétexte de la présence d'Israël, mais ouvre aussi la grande perspective de transformer cette Union pour la Méditerranée en grand forum pour résoudre les plus insolvables des conflits. L'importance stratégique d'une telle situation n'a pas échappé aux dirigeants israéliens. Le porte-parole du gouvernement Marc Regev le relève «c'est la première fois que des dirigeants de la zone méditerranéenne au plus haut niveau se réunissent avec la participation de l'Etat hébreu». Le second homme est le leader libyen Mouammar Kadhafi. Seul dans le désert, il prêche une parole à contre-courant. Il vient de stigmatiser avec des mots d'une violence inouïe le projet de l'UPM : «Ce projet est voué à l'échec. C'est un champ de mines. Il va alimenter les actes terroristes de groupes islamistes qui vont le considérer comme un projet de Croisés et s'attaqueront en conséquence aux pays musulmans membres (…) Je ne conseillerai pas à mon peuple d'adhérer à cette salade absurde, à ce projet colonial». Le troisième homme est le président algérien Abdelaziz Bouteflika qui a laissé planer le suspense de sa présence jusqu'au bout. Le numéro un algerien s'est longtemps fait désirer malgré les visites insistantes de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et François Fillon, Premier ministre. La presse française s'interroge publiquement sur le deal entre Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika pour le convaincre de venir à ce sommet. Une visite d'Etat du président algérien en France en 2009 et un soutien français à un troisième mandat feraient partie des arguments de séduction. Le quatrième homme est le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. La Turquie a depuis le début vu d'un très mauvais œil l'instance française à l'impliquer dans cette aventure méditerranéenne. Elle soupçonnait Nicolas Sarkozy, fermement opposé à son adhésion à l'Union européenne, de vouloir trouver un substitut à cette adhésion non désirée.