Al-Qods constitue le point central déterminant la politique arabe. Contrairement à d'autres dimensions de la question palestinienne, la ville trois fois sainte a des allures de champ de mines. Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon, alors chef de l'opposition, effectue une « visite » sur l'esplanade du Haram al-Sharif, à Al-Qods. Flanqué de plus de mille policiers. Des policiers fournis par Ehud Barak, Premier ministre à l'époque. La collusion semble tellement évidente, même entre deux adversaires acharnés. Cette provocation a déclenché une nouvelle Intifada, meurtrière pour les Palestiniens. Car il s'agit de comprendre ce que la mosquée Al-Aqsa signifie pour les Arabes et les Musulmans, tant du point de vue historique que sur les plans identitaire et idéologique. La spirale de la violence suscitée par la visite de Sharon a montré qu'un accord définitif sur le statut de la ville sainte conditionnait tout règlement final du conflit israélo-arabe. Jusqu'au sommet de Camp David, en juillet 2000, les parties avaient évité ce piège. Même lors du premier sommet de Camp David (septembre 1977) entre James Carter, Anouar Sadate et Menahem Begin, les protagonistes avaient accepté de reporter le différend sur Al-Qods à un stade ultérieur. Israël avait occupé la partie orientale de la ville en juin 1967. Il a étendu les frontières de la municipalité, en en multipliant par sept la superficie. Il a poursuivi sa campagne de judaïsation d'Al-Qods-Est, en y détruisant des quartiers entiers, en en expulsant progressivement la population arabe et en multipliant les colonies juives. En 1980, le Parlement israélien adopte une loi confirmant l'annexion de la partie orientale de la ville et déclarant « Jérusalem unifiée capitale éternelle de l'Etat ». Chose inacceptable pour les Arabes. D'ailleurs, aucun Etat, pas même les Etats-Unis, n'accepte l'idée d'une souveraineté israélienne totale sur Al-Qods. Lors des campagnes présidentielles, les candidats américains promettent régulièrement de transférer leur ambassade à Al-Qods. La victoire acquise, aucun ne teint sa promesse. Une telle décision serait certes saluée par le lobby juif, mais elle détériorerait de manière irréversible les relations américano-arabes. L'Autorité palestinienne se trouve, quant à elle, impuissante à venir en aide à la population arabe en place, afin de l'aider à faire face à la pression économique qui vise à modifier les données démographiques en faveur des juifs. C'est dans ce sens qu'a été créé, en 1995, Baït Mal Al-Qods –dont le siège est à Casablanca - sur proposition de feu SM Hassan II, en sa qualité de président du Comité Al-Qods et président du 7ème Sommet islamique. Cette institution a pour vocation la défense du droit palestinien sur la ville sainte, le soutien à la résistance de sa population, et la sauvegarde de son patrimoine civilisationnel, religieux, culturel et architectural. Il agit comme une agence soumise aux règles de la comptabilité privée et de l'audit financier, sous le contrôle du Comité Al-Qods, présidé par SM le Roi Mohammed VI.