L'histoire retient tout. A chaque fois qu'un flux de paix tentait d'inonder la terre sainte de Palestine, un reflux israélien venait émerger les récifs de la haine. Yasser Arafat a eu à gérer des dizaines de volte-face des Israéliens depuis qu'il a été proclamé président de l'autorité palestinienne. Il a eu à composer avec les tempéraments de différents premiers ministres israéliens, finalement tous issus du même moule. Les trois derniers, Benjamin Netanyahou, Ehud Barak et Ariel Sharon lui ont donné bien du fil à retordre. A chaque fois qu'une lueur d'espoir de paix pointait à l'horizon, une initiative israélienne venait systématiquement tout torpiller. En septembre 1996, quelques jours à peine après le premier sommet Arafat-Netanyahou, les Palestiniens découvraient l'ouverture par Israël à Al-Qods d'un tunnel en contrebas de l'esplanade des Mosquées. Les émeutes qui s'en suivent font 76 morts, alors que l'Intifada était finie. En janvier 1997, Netanyahou et Arafat s'entendent sur le retrait de l'armée israélienne des quatre cinquièmes de la ville d'Hébron et sur la poursuite de la mise en œuvre d'Oslo II. Quelques jours après, Israël annonce sa décision de construire une colonie juive sur la colline de Har Homa, dans la partie arabe occupée d'Al Qods. La violation flagrante des accords d'Oslo était comme à l'accoutumée soutenue par un veto américain qui coupait la voie à toute résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. En septembre de la même année, alors que Arafat se pliant aux pressions ordonne la fermeture de seize bureaux et associations liés au Hamas, le Mossad perpétrait, le même jour, une tentative d'assassinat en Jordanie contre le directeur du bureau politique en exil de Hamas, Khaled Mechaal. En 1998, celui que, Israël met à l'origine de toutes les «violences», fait encore montre de conciliation. Yasser Arafat prend le risque politique d'accepter la proposition américaine d'un retrait d'Israël de seulement 13,1 pc de la Cisjordanie, contre 30 pc initialement exigés par les palestiniens, mais Israël refuse encore une fois cette nouvelle avancée sur la voie de la paix. En octobre de la même année, les accords de Wye Plantation sont signés solennellement sous supervision américaine. Yasser Arafat accepte encore une fois de resserrer l'étau autour des mouvements palestiniens hostiles à la paix, avec tout ce que cela suppose d'implication personnelle, contre la récupération par l'autorité palestinienne de 13 % supplémentaire de la Cisjordanie. Seulement, alors que le Parlement israélien ratifie l'accord, Netanyahou et son cabinet profitent d'une conjoncture marquée par les bombardements américano-britanniques contre l'Irak, pour poser de nouvelles conditions à l'application des accords et stoppent la deuxième phase de retrait de l'armée israélienne de Cisjordanie. En mai 1999, le conseil central de l'OLP de Yasser Arafat était en passe de proclamer l'Etat palestinien indépendant,quand une lettre de Bill Clinton à Arafat consigne par écrit l'engagement du président américain à oeuvrer pour faire aboutir les négociations sur le statut final dans un délai d'un an. Arafat et son équipe créditent encore une fois leurs interlocuteurs de bonnes intentions et reportent la proclamation. Une nouvelle phase de tergiversations israéliennes commençait après l'élection en mai 1999 du travailliste Ehoud Barak au poste de Premier ministre. Les palestiniens acceptent en septembre de la même année, à travers l'accord de Charm El-Cheikh signé par Arafat et Barak, de redéfinir le calendrier d'application des accords de Wye Plantation. Une nouvelle lueur d'espoir pointe, les deux parties convenant que l'accord définitif sur les questions restées en suspens, doit être conclu au plus tard le 13 septembre 2 000. C'est exactement le même mois que choisit Ariel Sharon, chef du Likoud, pour se rendre sur l'esplanade des Mosquées à Al-Qods, déclenchant sciemment la crise qui depuis, n'en finit pas de faire des morts. Ce dernier est investi premier ministre le 7 mars 2001. Quatre jours après, l'armée israélienne impose un blocus total de Ramallah. Deux semaines après, des hélicoptères israéliens lancent une série de raids à Gaza et en Cisjordanie. Et dès la fin mars, commencent les incursions israéliennes dans la zone autonome palestinienne, avec leur cortège d'exactions, d'arrestations arbitraires, d'exécutions sommaires et de toutes sortes d'atteintes aux droits de l'Homme. C'est la paix, version Sharon. Le général aux antécédents Qibya, Sabra et Chatila.