Jean-Pierre Raffarin, une dégaine à la Lino Ventura, le nez écrasé d'un Marcel Cerdan et une démarche qui rappelle le bossu de Notre Dame, ne rate aucune occasion de faire la leçon au gouvernement Fillon. Il se passe pas une crise politique ou un sujet d'actualité fort sans que Jean-Pierre Raffarin, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac ne soit obligé de dire son point de vue original et de livrer son commentaire acide de ceux que l'ambition d'arriver et de se maintenir consume avec violence. Souvent avec un style qui jadis lui avait assuré une belle popularité chez les Français connu sous le vocable de «Raffarinade» mais qui, à force d'en abuser, garantie une chute certaine dans le ridicule. Les plus célèbres étant : «Notre route est droite mais la pente est forte» ou sa célèbre sortie dans la langue de Shakespeare à propos du référendum sur le traité constitutionnel européen : «Win, the «yes» needs the «no» to win, against the «no» ou encore son invitation à ses pairs d'adopter «la positive attitude» en référence à une chanson populaire de la jeune chanteuse française Lorie. Jean-Pierre Raffarin, une dégaine à la Lino Ventura, le nez écrasé d'un Marcel Cerdan et une démarche qui rappelle le bossu de Notre Dame, ne rate aucune occasion de faire la leçon aux ministres du gouvernement Fillon dans une permanente posture d'offre de service. Il s'est fait remarquer récemment par une violente charge contre Ségolène Royal, si violente qu'elle ferait presque passer les passes d'armes assassines de la campagne des présidentielles pour d'inoffensives échanges verbaux. Profitant d'une affaire qui passait devant la justice entre Ségolène Royal et deux de ses anciennes attachées parlementaires qui déposaient plaintes pour salaires non payés, Jean-Pierre Raffarin a fait claquer l'artillerie lourde : «Le licenciement abusif n'est pas une pratique pour qui prétend exercer de hautes fonctions (…) pour un responsable politique, la délinquance sociale, c'est la faute majeure». Ce fut le signal donné pour lancer une véritable bronca contre la candidate socialiste comme le fait dans la joie et la bonne humeur l'UMP dont Jean Pierre Raffarin est un des hauts responsables : «Avec Ségolène Royal, c'est travailler plus pour gagner rien du tout». Contre cette attaque Ségolène Royal a précipitamment réagi en pontant le doigt vers les possibles commanditaires de cette manœuvre : «Dans le jugement, dont curieusement l'UMP a eu connaissance avant tout le monde, le terme de ‹licenciement abusif' n'apparaît pas (…) Cette raffarinade a au moins un avantage. On voit bien qui est à l'origine de ce guet-apens judiciaire. Ceux qui l'ont organisé n'ont pas, contrairement à ce qu'ils prétendent, obtenu tout ce qu'ils souhaitaient». La garde rapprochée de Ségolène Royal a volé au secours de sa championne qui se prépare à partir à la conquête du Parti socialiste. Delphine Batho, une député PS fait l'analyse suivante : «Jean-Pierre Raffarin espère faire parler de lui et surtout la droite cherche à faire diversion alors qu'elle est incapable de tenir ses promesses concernant le pouvoir d'achat et de répondre à la colère des Français, colère qui a conduit à la défaite cinglante de l'UMP aux municipales». Tandis que Jean-Louis Bianco doute des capacités de l'ancien Premier ministre : «Pour quelqu'un qui veut être président du Sénat, il en semble pas qu'il ait les capacités de l'être quand il se comporte comme ça». Depuis le début de l'ère Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin erre dans l'attente d'une vraie mission et d'un vrai rôle. Après avoir tenté sans succès de convaincre le président de la république de confier exclusivement les rênes de l'UMP, le voilà qui semble jeter son dévolu sur la présidence du Sénat dont l'élection doit avoir en 2008. Dans cette course incertaine, Jean-Pierre Raffarin doit compter avec la redoutable compétition de Gérard Larcher, auteur d'un remarquable rapport sur «les mission de l'hôpital». Outre d'afficher son ambition de servir à tout prix Nicolas Sarkozy après avoir été le fusible et le souffre-douleur d'un Jacques Chirac en fin de règne, Jean-Pierre Raffarin lance, histoire de se rappeler au bon souvenir de l'Elysée, des piques comme celle qu'il distille avec un halo de frustration en direction de François Fillon : «Nous devons infléchir un certain nombre d'axes de notre politique( ..) le gouvernement doit corriger le tir sur un certain nombre de points».