Le président français, Jacques Chirac, a décidé mardi de reconduire à son poste le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, alors qu'une majorité de Français réclamaient son départ après avoir sévèrement désavoué sa politique aux élections régionales. Cette décision a provoqué un tollé général. Le président français, Jacques Chirac, n'a pas cédé à la pression des urnes. Contre toute attente, il a reconduit dans ses fonctions le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. La débâcle de la droite aux élections régionales, qui a vu au moins 24 régions françaises sur 26 passer entre les mains de la gauche, n'a pas coûté son poste au Premier ministre français. Le président de la République française a mis fin au suspense mardi matin. Après un entretien avec le chef de l'Etat, qui a duré une heure et quart mardi matin, le Premier ministre a quitté l'Elysée vers 9h 50. Souriant, il s'est refusé à tout commentaire. Les spéculations sur sa reconduction allaient bon train, quand un communiqué de l'Elysée a consacré définitivement le sourire de Raffarin. “Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a remis la démission du gouvernement au président“ Jacques Chirac, “qui l'a acceptée“, selon ce communiqué. “Il a nommé Jean-Pierre Raffarin Premier ministre et l'a chargé de former un nouveau gouvernement“. Après Raffarin I et II, Raffarin III. Le Premier ministre français a la vie dure. Les réactions à sa reconduction n'ont pas tardé. Elles ont pris l'allure d'un tollé général chez les Socialistes et les Verts. “Jacques Chirac vient d'adresser un bras d'honneur au peuple français“, a déclaré Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS de l'Assemblée nationale. Il ajoute que Jacques Chirac “fait comprendre aux Français que leur vote n'a pas la moindre importance et prend ainsi la responsabilité d'aggraver la crise sociale, morale et politique que traverse“ la France. Même constat de Laurent Fabius, numéro 2 du Parti socialiste : “La décision du chef de l'Etat de reconduire Jean-Pierre Raffarin dans ses fonctions montre que, malheureusement, il reste en réalité sourd au message clair que lui ont adressé les Français les 21 et 28 mars“. Yves Contassot, porte-parole national des Verts explique pour sa part que Jacques Chirac veut “à la fois «user» son Premier ministre et en même temps lui faire porter le poids de la responsabilité d'une politique qu'il n'a à l'évidence pas envie de changer“. A droite, seuls les partisans de Jacques Chirac se réjouissent. Des voix dissonantes, au sein même de l'UMP, l'Union pour la Majorité Présidentielle, qui regroupe le Rassemblement pour la République (RPR), les chiraquiens de Démocratie Libérale (DL) et de la Nouvelle Union pour la Démocratie Française (UDF), menacent de diviser la droite française. La réaction la plus virulente est celle de Nicolas Dupont-Aignan, député UMP de l'Essonne. Il a déclaré que L'UMP “n'est qu'une machine au service d'un clan“ et que son “seul objectif est de plaire et de complaire au président de la République“. Il ajoute que “L'UMP porte sa part de responsabilité dans la défaite, en aggravant la catastrophe. Elle n'est qu'une machine au service d'un clan qui n'écoute ni les élus de terrain, ni les militants, et qui ne se donne même pas la peine de réfléchir à un projet“. La grande inconnue demeure la réaction du très populaire ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy. L'hypothèse de le nommer au poste de Premier ministre circulait avec insistance. “Le chef de l'Etat n'envisage pas que cet ambitieux lui gâche le reste de son mandat“, analysait mardi le quotidien de gauche “Libération“. Visiblement, Jacques Chirac a préféré un ministre impopulaire, mais sûr à un ministre populaire mais qui risque de tenir tête au chef de l'Etat, voire d'engager une période de cohabitation avec lui. La composition du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sera annoncée ce mercredi. Ce nouveau gouvernement est le troisième formé par Raffarin, après celui constitué en mai 2002 et le remaniement qui avait suivi la victoire de la droite aux législatives de juin 2002.