À l'occasion des élections régionales, les électeurs français ont désavoué le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Un avertissement sérieux pour la majorité présidentielle. Les résultats des élections régionales en France, qui ont eu lieu dimanche 21 mars, ont pris l'allure d'un vote-sanction du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. De ce premier tour de ce scrutin, la gauche parlementaire menée par le Parti socialiste (PS) est sortie gagnante avec 40,31% , damant le pion à la droite, UMP et UDF, qui ont récolté 34,96%. Le Front national s'est bien maintenu avec un score national de 15,11%. Par contre l'extrême-gauche a réalisé un score très modeste de 4,58%. Les électeurs français qui ont été nombreux à prendre le chemin des urnes ( un taux de participation 62,23 % contre 58 % lors des régionales de 1998) ont choisi, au grand dam de la droite au pouvoir, de donner une dimension nationale à des échéances régionales. Par leur vote, ils ont désavoué le gouvernement en place exprimant ainsi le mécontentement à l'égard de la politique menée par ce dernier. Symbole de ce camouflet, le Parti socialiste, représenté par l'ex-ministre Ségolène Royal, est venu en tête dans le propre fief de Jean-Pierre Raffarin en Poitou-Charentes. Depuis 1998, la gauche contrôlait 8 régions métropolitaines sur 22. Elle pourrait maintenant mettre dans son escarcelle plus de la moitié des régions du pays. "Je n'en tire pas l'idée que nous aurions regagné la confiance, il nous reste du travail à faire", a déclaré, prudent, le premier secrétaire du PS, François Hollande dans un souci de ne pas crier victoire avant le second tour prévu dimanche prochain. Pour la droite, la mobilisation importante de l'électorat s'est soldée par une véritable déroute. Avec 34 %, elle perd 3 points par rapport à 1998 et recule de 9 points par rapport aux législatives de juin 2002. Le parti du président Jacques Chirac est désormais averti par les Français ont qui ainsi sanctionné l'Exécutif pour avoir créé une certaine tension sociale dans chaque chantier de réforme ouvert dont le dernier en date concerne la fronde des chercheurs. La division de la droite (l'UDF de François Bayrou a fait cavalier seul dans une tentative de se démarquer de la politique gouvernementale ) a également contribué à sa défaite. Désormais, les dirigeants de l'UMP et de l'UDF ont appris la leçon. On ne gagne pas une élection en étant à couteaux tirés. Après les résultats, ils ont annoncé leur décision de mettre en place des listes communes pour le second tour là où les deux formations sont en ballottage favorable. Selon les observateurs, il est difficile pour la majorité présidentielle de faire retourner le rapport de force en sa faveur à moins d'un sursaut très fort de l'électorat de droite qui donnerait une seconde chance au gouvernement Raffarin. Autrement, le président Jacques Chirac, déjà affaibli par l'affaire Juppé, sera obligé de procéder à un remaniement du gouvernement avec un changement du Premier ministre qui devient de plus en plus impopulaire. Il s'agirait pour M. Chirac de négocier la deuxième étape de son mandat en ayant un nouveau cabinet dirigé par un homme, capable de donner un nouveau souffle à son Union pour la majorité présidentielle (UMP). L'actuel ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, pourrait faire l'affaire.