Depuis son échec à la présidentielle suivi de la débandade de sa formation dans les législatives, François Bayrou a été donné pour une personnalité politique cadavérique sans aucun avenir politique à l'horizon. A défaut d'avoir pu créer une grande formation politique capable d'imposer sa vision et son rythme comme pourraient l'être l'UMP de Patrick Devedjian ou le PS de François Hollande, François Bayrou, le célèbre chef du centre, troisième homme de la présidentielle continue de poursuivre ce qui semble devenir, par la force des choses, sa vocation : configurer par des zigzags imprévisibles l'ensemble du champ politique français, troubler les prévisions les plus solides et obliger les plus fins politiques à relativiser leurs certitudes. Et pourtant depuis son échec à la présidentielle suivi immédiatement de la débandade de sa formation dans les élections législatives, François Bayrou a été donné pour une personnalité politique cadavérique sans aucun avenir politique à l'horizon. Les difficultés qu'il a manifestement rencontrées pour bâtir le MoDem, parti politique censé reprendre et réinvestir les forces vives de l'ancienne UDF écartelé entre la fidélité traditionnelle à droite et les sirènes modernes de la gauche, doublées des informations révélées par Ségolène Royal dans son livre sur ses grandes hésitations à faire le grand saut de l'alliance, ont fini par ternir sa capacité à rebondir et à exister. N'importe quel autre homme politique aurait, devant tant d'obstacles, jeté l'éponge et se serait recroquevillé sur une ambition moins large que celle de vouloir peser sur le destin national. C'était sans compter avec la hargne des vaincus et le talent de survivants qui semblent être les deux traits de caractère actuels de François Bayrou. Durant les premiers mois de ce quinquennat, François Bayrou a été la cible expiatoire de la «Sarkozie» triomphante. Tous les procédés étaient bons pour affaiblir ce que la religion de l'UMP considérait comme «des traîtres centristes». François Bayrou a été victime d'une intense politique d'effeuillage à coups de promesses ministérielles présentes ou à venir au point où il s'est retrouvé presque nu sur une île déserte appelée MoDem. François Bayrou ne doit sa survie politique qu'à sa capacité d'exister dans les médias et de participer à l'animation d'une opposition à Nicolas Sarkozy à laquelle participe avec la rage du désespoir Dominique de Villepin. Il faut dire que les bourdes de cette première année présidentielle, qu'il s'agisse des promesses incongrues et non tenues sur le pouvoir d'achat, des prises de postions contestées sur le laïcité positive, la Shoah ou les sectes, son travers extrêmement prononcé d'écraser son gouvernement au profit de ses conseillers, l'exposition personnelle excessive de Nicolas Sarkozy, l'exhibition à outrance de sa vie privée… Autant de sujets polémiques qui ont permis à François Bayrou de continuer à exister au point où des enquêtes d'opinions réguliers montrent clairement qu'il est à la tête d'une courte liste de personnalités que les Français voir jouer un rôle dans la vie politique nationale. Le scrutin municipal de dimanche prochain sonne comme la véritable heure de vérité pour François Bayrou. Un examen personnel l'attend : il s'agit de remporter la mairie de Pau. Ensuite de vérifier la validité des alliances passées avec la gauche ou la droite dans de nombreuse régions. La scène parisienne est la plus magnétique. Sa représentante dans la capitale, Marielle de Sarnez s'est déclarée «Delanoë-compatible» et a choisi une alliance avec les socialistes. Et à François Bayrou de résumer la stratégie «Si on tient la capitale de la France et la capitale de Navarre (Pau), on a une petite chance de faire changer les choses dans le pays» avant d'expliquer, lyrique, la philosophie de ses choix : «Vous voyez bien qu'on abat une frontière, une espèce de mur de verre qui séparait les deux moitiés de la France et on les fait vivre ensemble». Même si officiellement, il se défend de vouloir transformer ce scrutin municipal en examen national de l'action du président de la république, les arrières-pensées et les règlements de compte ne sont pas loin : «Tous les autres chefs de parti disent qu'ils vont faire un référendum pour ou contre Sarkozy. Moi, je veux d'abord une élection pour offrir un vrai choix. Je ne veux pas transformer les élections municipales en référendum politique».