François Bayrou, leader du MoDem, fait partie de ces hommes politiques dont le destin vient de connaître un fulgurant virage. Sa violence est proportionnelle aux attentes suscitées. François Bayrou est tombé de bien haut. De troisième homme de la présidentielle à cauchemar vivant des deux grands partis de l'échiquier politique français qu'étaient encore le PS et l'UMP, en passant par meilleur opposant à Nicolas Sarkozy, il n'est plus que cette force d'appoint rabougrie, capable certes d'exercer une nuisance, mais pas de peser sur l'orientation des événements. François Bayrou, leader du MoDem, fait partie de ces hommes politiques dont le destin vient de connaître un fulgurant virage. Sa violence est proportionnelle aux attentes suscitées. Par ses coups de boutoir répétés contre Nicolas Sarkozy à travers son livre réquisitoire «Abus de pouvoir», il est d'ailleurs le seul qui avait réussi à réveiller une morne campagne, à lui donner un zeste d'enthousiasme et d'agressivité. L'homme était si présent et avait un rôle si configurateur que pendant de longues semaines, il était le pivot de cette campagne. Le Parti socialiste de Martine Aubry se grattait le front de savoir s'il était politiquement opportun d'opérer un rapprochement avec le Centre. D'ailleurs, un des grands débats qui avait paralysé la réflexion et la stratégie socialiste tournait toujours autour de la nature des relations qu'il fallait envisager avec une personnalité comme François Bayrou. L'UMP, le parti du président tirait à boulets rouges sur le leader centriste. La campagne et ses tendances avaient François Bayrou comme centre d'attraction. Puis vint la réveil brutal. Avec un score indigne, des perspectives peu reluisantes et une ambition revue à la baisse. Malgré les nombreuses affirmations, il est toujours trop tôt de savoir si ces mauvais résultats sont le fruit direct de la violente confrontation télévisuelle entre François Bayrou et le Vert européen, Daniel Cohn-Bendit, sur les accusations de complaisances pédophiles de ce dernier, ou si François Bayrou n'était finalement qu'une grande baudruche artificiellement gonflée par ses adversaires pour jouer à se faire peur. Pour François Bayrou, la première explication est plus reposante. Croire qu'il a perdu une élection parce qu'une erreur mortelle a été commise en fin de parcours, permet d'espérer qu'une fois l'erreur en question oubliée, tout redevient comme avant. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si François Bayrou avait choisi de se comparer au joueur de Football Zinédine Zidane entré dans l'histoire pour avoir donné un coup de tête à un joueur italien lors de la finale de la Coupe du monde. Le grand cauchemar de François Bayrou est de parvenir à la conclusion que clash avec Cohn-Bendit ou pas , il aurait réalisé le même score. Cela aurait une signification politique extrêmement révélatrice pour les formations politiques qui livrent batailles et concessions pour séduire ce fameux «Centre» sans lequel aucune élection majeure ne peut être gagnée. Les adversaires de François Bayrou avancent une autre explication pour justifier cette déroute électorale. Ils accusent le chef du MoDem de s'être trompé d'élection, de s'être fourvoyé dans un anti-Sarkozysme obsessionnel qui a brouillé l'image du grand recours centriste qu'il voulait incarner en prenant ses distances avec la gauche et la droite comme il jubilait à la préciser à chaque fois. François Bayrou peut toujours leur opposer un argument de taille qui dévitalise cette analyse : Son livre «Abus de pouvoir», un des plus violents pamphlets jamais écrits ces derniers temps contre Nicolas Sarkozy, est un succès de librairie qui trahit une grande demande de critiques et d'evaluation de l'ère Sarkozy. Logiquement, l'adhésion au livre aurait pus se traduire dans les urnes. Or c'est l'effet inverse qui s'est produit. François Bayrou a été contraint de faire cette autocritique sur sa posture et son style et promet d'accéder à une forme de sérénité et de sagesse : «Je pense qu'il faut que je sois moins batailleur».