Agadir: Commémoration du 67ème anniversaire du soulèvement des tribus Ait Baâmrane    Accords UE-Maroc : La Commission européenne examine les décisions de la Cour    Le Commissaire européen Várhelyi en visite au Maroc    Assurances : Les primes émises en hausse de 4,8% à fin septembre 2024    Cours des devises du lundi 25 novembre 2024    Stellantis jette son dévolu sur le Maroc pour produire la prochaine génération du Citroën C4 à partir de 2027    Piratage : Le HCP, victime sur le réseau social X    Royaume-Uni : Les intempéries se poursuivent après le passage de la tempête Bret    L'ancienne présidente du parlement sud-africain affirme être dans le mal suite à l'enquête sur le Président Ramaphosa    Foot: la sélection marocaine U15 prend part à un tournoi international en Espagne    Ayyoub Bouaddi penche pour les Lions de l'Atlas    Olympiakos : Ayoub El Kaabi claque un hat-trick et devient le meilleur buteur du championnat    Real Madrid : Brahim Diaz, un joueur convoité en Premier League    Températures prévues pour le mardi 26 novembre 2024    Le procès d'Abdelali Hamieddine à Fès reporté au 27 janvier 2025    Arrestation de deux personnes à Salé pour trafic de substances illicites    CV, c'est vous ! EP – 77. Nasry Aboujihade, un chirurgien au service de votre sourire    M Avenue et le FIFM : Une collaboration qui illumine Marrakech    Des instruments et des histoires : L'Afrique à l'écoute de ses racines    Algérie : Condamnation d'un artisan marocain à 15 ans de prison pour organisation d'immigration clandestine    Libye: L'union africaine réitère la pertinence des processus de Skhirat et de Bouznika    Le Sahara a augmenté de 10% sa superficie en moins d'un siècle    Ahmed Aboul Gheit appelle à une feuille de route pour le développement durable dans la région arabe    Italie : Les trottinettes électriques bientôt munies d'une plaque d'immatriculation    Sahara desert expands by 10% in under a century    Taznakht : The Grand finale of the Aït Ouaouzguit carpet festival    Maroc : Pour que la technologie ne devienne pas une arme contre les femmes    Investissements : Karim Zidane VRP du Maroc en Corée et au Japon    Coopération sino-marocaine : Le Maroc, « un partenaire clé au sein de la BRI »    Rabat : Manifestation nationale des retraités contre le gel des pensions    Taznakht : Clôture en beauté pour le Festival du tapis d'Aït Ouaouzguit    Les prévisions du lundi 25 novembre    Algérie : Un média accuse Lekjaa de «prendre en otage la CAF avec Pegasus»    COP29 : Un engagement financier de 300 MM$ jugé insuffisant par les pays en développement    Israël nomme un grand défenseur de la souveraineté du Maroc sur le Sahara et proche du parti républicain ambassadeur aux Etats-Unis    Inondations à Valence : Karima Benyaich réaffirme les liens de solidarité entre Rabat et l'Espagne    Ahmed Spins : L'étoile marocaine à l'affiche du Coachella 2025    COP29 : Le Maroc signe une participation remarquable    Rabat : Visa For Music, une clôture au diapason des cultures du monde    MAGAZINE : Starlight, des jurés à juger    Cinéma : Mohamed Khouyi, un éclat marocain au Festival du Caire    SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan reçoit à Casablanca le Président chinois    Coup d'envoi de 5 centres de santé dans la région de Dakhla-Oued Eddahab    M. Motsepe se prononce sur le football féminin et le rôle du Maroc dans le développement du football en Afrique    Création d'un réseau Maroc-Mauritanie de centres d'études et de recherches    La justice allemande confirme que Berlin a divulgué à Mohamed Hajib, un ancien terroriste, des renseignements sensibles transmises par les services sécuritaires marocains    Plus de 50 morts au Liban, Biden s'oppose à la CPI et soutient les criminels sionistes    CAN U20 : Le Maroc bat la Libye (4-0), valide son billet    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



100% Jamal Berraoui : Les terrorismes marocains
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 29 - 02 - 2008

Les sécuritaires «racontent» chaque séquence sans la lier au reste ni mettre en perspective la filière. Pire, ils démentent souvent ce qu'ils avaient prêché auparavant.
La nouvelle cellule démantelée met en lumière la coexistence de trois filières terroristes sans lien idéologique ou organisationnel. L'affaire Belliraj a surpris les observateurs pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'elle a entraîné des dirigeants et des cadres politiques de partis légaux, affirmant leur adhésion aux principes démocratiques, mais aussi parce qu'elle met en lumière un terrorisme complexe, évolué.
En fait, cette affaire anéantit la thèse selon laquelle le terrorisme est un phénomène importé. Pendant longtemps, pour des raisons d'image, responsables et politiques ont véhiculé un discours blanchissant la société marocaine et liant le terrorisme à la conjoncture internationale. Cette fois, ils sont obligés de reconnaître que cette organisation complote depuis 16 ans, qu'elle est la continuité d'un Islam subversif porté par la Chabiba Islamya depuis 1970, c'est-à-dire bien avant la création d'Al Qaïda. Dès lors, que ce soit sur le plan politique ou sécuritaire, il faut faire le distinguo entre les différentes formes de terrorisme qui guettent le pays. Celui que l'on vient de dévoiler est d'une manière ou d'une autre, lié à la mouvance intégriste, il s'agit d'une sorte de blanquisme islamiste, il n'a que des liens utilitaires à l'étranger. Son objectif, c'est le renversement du régime. Il est sans doute moins spectaculaire mais plus dangereux que les autres formes. Il est d'abord porté par des gens de formation supérieure, aguerris tant à la rhétorique qu'à l'organisation clandestine et se donnant les moyens de son action. C'est un terrorisme «évolué». Cette forme n'a aucun lien idéologique ou organisationnel avec la Salafiya Jihadia, il n'en épouse ni les théories ni les formes d'action, il est l'expression extrême de l'intégrisme marocain.
A côté, subsiste un terrorisme tout aussi complexe mais lié à l'étranger. C'est celui du GICM, avec toutes ses ramifications et ses alliances internationales. Après l'arrestation de Houssaïni, certains responsables ont annoncé que le GICM n'a plus d'existence organisée au Maroc. Aujourd'hui, les spécialistes affirment que le danger d'une reconstitution existe toujours et que les activistes installés en Espagne ont des facilités de recrutement dans les milieux de l'émigration. Les sécuritaires prennent très au sérieux la menace de la résurgence de cette filière. A l'inverse du premier mode opératoire, le GICM est lié à la Salafiya Jihadia dans ses méthodes et probablement pour son financement. Bien qu'il soit lui aussi le produit de l'islamisme made in Morocco. Le troisième genre a été le plus meurtrier jusqu'ici, c'est celui du 16 mai, des faubourgs casablancais. C'est pourtant le moins évolué. Ses liens avec Al Qaïda ne sont pas organiques, il s'agit d'individus adoptant un discours jihadiste, se mettant tous le label Al Qaïda et agissant souvent dans la proximité. Ils ont rarement des contacts en dehors de leur ville, voire de leur quartier. Ce terrorisme est à la fois désespéré et sans lien avec la mouvance intégriste historique. Il est réellement le produit de l'après 11 septembre. Le réflexe identitaire, le choc des civilisations , jouent un rôle très important dans la mobilisation. Les adeptes de ce terrorisme sous-développé s'attaquent au régime parce qu'il est «allié du grand Satan», in fine, ils pensent mener une guerre planétaire pour défendre l'Islam. C'est un terrorisme qui recrute essentiellement parmi le lumpen prolétariat, d'où l'aveuglement de certains qui ont vite fait de lier le terrorisme à la misère. Nous sommes donc face à 3 filières très différentes, bien qu'occasionnellement on a pu noter un chevauchement ou au moins des contacts. Parce que ces filières ne sont pas identifiées comme telles, les responsables ont été amenés à faire des erreurs de communication qui décrédibilisent leurs thèses.
De l'ignorance naît la suspicion.
En effet, depuis le 16 mai, chaque fois qu'une cellule est démantelée, une certaine forme de défiance se met en place. Elle est le produit des rapports compliqués avec l'Etat, de la méfiance absolue vis-à-vis de la justice, mais aussi de l'ignorance des formes d'organisation citées plus haut. Les sécuritaires «racontent» chaque séquence sans la lier au reste ni mettre en perspective la filière. Pire, ils démentent souvent ce qu'ils avaient prêché auparavant. Ils sont souvent tentés d'en dire un minimum et de défendre la thèse qui les arrange politiquement. Cette fois, ils sont face à un problème de taille: l'accusation portée contre des dirigeants politiques. Que ceux-ci nient en bloc par ailleurs. L'incrédulité persistante porte ombrage à l'ensemble de l'affaire. La matérialité des faits, qui seront publics ces jours-ci puisque les accusés seront déférés au parquet, risque de ne pas suffire. La justice tranchera, sans pour autant convaincre tous les récalcitrants. Nous sommes face à un véritable problème politique. Le terrorisme est une menace réelle, qui est là pour une période indéterminée mais sûrement longue. La lutte antiterroriste ne peut se limiter à l'aspect sécuritaire, elle réclame l'adhésion de l'ensemble de la société. Force est de reconnaître qu'en réalité on en est loin. Pour casser cette mésentente il y a un début inévitable: la transparence absolue et l'information complète. L'opinion publique est perturbée par les différentes thèses des sécuritaires, la suspicion d'une certaine presse et les discours alarmistes de certaines associations des droits de l'Homme. Nos deux chaînes préfèrent ne pas s'attaquer à cette ambiance. Pourtant, sans la mobilisation de cette opinion publique, les efforts des sécuritaires n'ont aucune chance de suffire.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.