A quatre mois des élections, les apparatchiks ne se préoccupent que des candidatures et des têtes de liste avec l'appréhension des schismes que ces choix ne manqueront pas de provoquer. La menace terroriste, le festival des kamikazes, n'ont que peu bougé nos politiques. A part « Al Adl Wal Ihssane » tout le monde a bien évidemment condamné. Mais c'est réellement le service minimum. Les observateurs s'attendaient à l'organisation d'une marche nationale ou de manifestations régionales. De source bien informée, l'on apprend que les chefs de parti ont emboîté le pas à l'Etat qui ne veut pas trop mettre en avant le terrorisme. C'est une approche hallucinante. Le terrorisme n'est pas une invention médiatique, la chair humaine étalée à la Une des journaux est celle de desperados bien marocains, manipulés par d'autres Marocains. C'est une réalité qu'on ne peut minimiser ni gonfler, elle s'ajoute aux 16 cellules démantelées auparavant et qui avaient toutes des projets criminels fort avancés. Le terrorisme n'est pas l'apanage des sécuritaires, il n'a pas l'Etat pour ennemi mais l'ensemble de la société. Les partis politiques ont pour fonction d'encadrer la société. C'est donc à eux d'organiser la riposte. Le reste, tout le reste c'est du pipeau. La vérité vraie, c'est que nous sommes face à une classe politique tétanisée par la complexité de la situation et l'ampleur des enjeux. A quatre mois des élections, les apparatchiks ne se préoccupent que des candidatures et des têtes de liste avec l'appréhension des schismes que ces choix ne manqueront pas de provoquer. Ils ont fait la pire des bêtises en déléguant à une association, à l'effort louable, la mobilisation pour les élections prochaines. Au jour d'aujourd'hui, bien malin celui qui connaît les projets des uns et des autres, en admettant qu'ils existent, les lignes de fractures supposées ou réelles. Or, on ne peut mobiliser l'électorat sans lui faire sentir que la politique a un lien avec sa vie quotidienne. La mobilisation de l'électorat présuppose un clivage. Sans l'existence de ce dernier, le «tous pareils» prolifère, voire s'impose et c'est toute la construction démocratique qui en pâtit. Le sursaut des politiques est une urgence absolue. Il n'y a pas de démocratie sans partis politiques ancrés dans la société. Le constat actuel du délitement de l'ancrage sociétal des grands partis est alarmant. Quatre mois, c'est peu, très peu, pour donner à l'échéance 2007 un contenu politique qui ne constitue pas une régression par rapport à 2002. Le discours dominant voulait que cette échéance constitue un palier supérieur dans la construction démocratique en sifflant la fin du consensus et le début de la compétition démocratique. Aujourd'hui, la majorité «consensuelle» se projette dans l'après 2007 comme une fatalité. Pour mémoire, cette majorité est constituée de partis aux origines historiques et idéologiques très disparates pour ne pas dire contradictoires. Les observateurs, par exemple, peuvent noter que l'Union des Mouvements populaires fait le grand écart : elle se revendique à la fois de la majorité gouvernementale et de l'alliance avec l'UC et le PND, qui sont, eux, dans l'opposition. On aurait pu espérer plus grande cohérence du parti disposant du plus grand nombre d'élus. L'étape 2007 est longuement compromise. Les dinosaures n'y attachent plus que leurs espérences personnelles. Ils donnent la preuve chaque jour qu'ils sont usés et en décalage avec les enjeux du futur proche. L'étape 2007 sera de toutes les manières l'arrêt terminus pour toute une génération héritée du passé. Sans nier leur mérite lors des étapes précédentes, force est de constater qu'il n'y aura pas grand monde pour les regretter.