Mahfoud Ali Beiba, chef de la délégation du Polisario aux négociations sur le Sahara, est donné largement favori pour occuper le poste de secrétaire général du Polisario, en remplacement de Mohamed Abdelaziz. Le 12ème congrès du Polisario, prévu du 14 au 18 décembre prochain à Tifariti, signera la fin politique de Mohamed Abdelaziz, indiquent des spécialistes des affaires polisariennes. Les pronostics qui courent dans les camps de Tindouf donnent l'actuel chef de la délégation du Polisario aux négociations sur le Sahara, Mahfoud Ali Beiba, largement favori pour occuper le poste de secrétaire général du Polisario. Le changement attendu à la tête du mouvement séparatiste créé et soutenu par l'Algérie intervient alors que Mohamed Abdelaziz est vivement critiqué pour l'obstination de son clan à maintenir le statu quo de l'affaire au moment où la majorité de la population de Tindouf est pour une solution qui lui permettrait de regagner la mère patrie et pouvoir y vivre paisiblement. Le SG sortant a d'ailleurs prêté le flanc à une véritable volée de bois vert en raison de son inaction sur un dossier qui a pourtant connu une évolution notoire, notamment après la présentation par le Royaume de l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie au Sahara. En lieu et place de la politique du statu quo voulue par Mohamed Abdelaziz, Mahfoud Ali Beïba incarne une alternative et une promesse de voir le dossier évoluer vers un règlement tant attendu par la population séquestrée dans les camps de Tindouf. «Il est fort attendu que la bataille rangée que se livrent le camp de Beïba et celui de Mohamed Abdelaziz soit tranchée en faveur du premier», atteste Mohamed Talib, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas). «La population dans les camps de Tindouf en a assez de l'immobilisme incarné par Mohamed Abdelaziz», certifie-t-il, en rappelant que le SG sortant «n'a pas su accompagner l'évolution qu'a connue le dossier du Sahara», dans une référence à l'offre d'autonomie, qui a été plébiscitée par l'ensemble de la communauté internationale en raison de son caractère «raisonnable», «sérieux» et «crédible». L'émergence de Mahfoud Ali Beïba, en tant que nouveau leader du Polisario, intervient dans un contexte où de plus en plus de voix s'élèvent pour revendiquer la règlement du conflit. L'Algérie, qui s'est jusqu'ici cramponnée à sa position hostile à la souveraineté territoriale du Royaume, a donné pour sa part le ton de ce changement. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a déclaré, au terme d'un entretien avec son homologue français, Bernard Kouchner, vendredi dernier à Paris, que «les points de vue de la France et de l'Algérie (sur la question du Sahara) ne sont pas aussi divergents qu'ils ne paraissent». Le chef de la diplomatie algérienne a également exhorté les parties en conflit à «poursuivre», voire «intensifier», les échanges en perspective de la sortie de crise. Selon des observateurs, l'Algérie serait, par ailleurs, pour beaucoup dans la montée de Mahfoud Ali Beïba sur le devant de la scène politique du Polisario. La préférence pour Ali Beiba paraît d'autant plus vraisemblable que le pouvoir algérien veut installer un équilibre de leadership entre les tribus en place. Les Rguibat, dont est issu Mohamed Abdelaziz, ont toujours été aux commandes du Polisario, au détriment d'autres tribus comme «Tekna», dont est originaire Mahfoud Ali Beïba. Ce dernier, qui préside le soi-disant «Parlement du Polisario», a de fortes chances de sortir vainqueur de l'échéance du 14 décembre, à l'opposé d'un Mohamed Abdelaziz resté chevillé à une logique «belliqueuse» qui n'intéresse plus personne.