Mohamed Lamine El Bouhali, ministre de la défense de la fantomatique RASD, divise le Polisario en s'attaquant violemment à la délégation des négociateurs. Alger a dû intervenir pour calmer les esprits. Nouvelle crise au sein de la hiérarchie du Polisario. Mohamed Lamine El Bouhali, ministre de la défense de la pseudo république sahraouie, s'est violemment attaqué à la délégation des négociateurs polisariens qui avait pris part à la première phase des négociations, les 18 et 19 juin dernier à Manhasset. Selon des sources sahraouies, El Bouhali a accusé les négociateurs du Polisario de s'être «laissés piéger» par la délégation marocaine et surtout après les écrits de la presse internationale ayant taxé de «positif» le climat qui a entouré les négociations. Le responsable polisarien aurait accusé les siens de «manque de sérieux», allant jusqu'à leur reprocher d'avoir partagé des repas avec les membres de la délégation marocaine. En définitive, Mohamed Lamine El Bouhali aurait menacé, lors d'une réunion au siège des renseignements algériens, de changer la composition de la délégation polisarienne en imposant d'autres noms. Selon des sources sahraouies, au fait des luttes de pouvoir au sein du Polisario, Mohamed Lamine El Bouhali n'a jamais digéré son éviction de la composition de la délégation des négociateurs par Mahfoud Ali Beiba. Ce dernier, président du «Parlement» polisarien, a opposé un niet au ministre de la défense pour la simple raison que ce dernier est d'origine algérienne et que sa participation aurait pu susciter des réserves de la part de la délégation marocaine. Face aux menaces de Mohamed Lamine El Bouhali, Mahfoud Ali Beiba a tout simplement menacé de se retirer de la délégation qui devra se rendre à Manhasset pour le deuxième round des négociations qui auront lieu les 10 et 11 août comme en a décidé l'ONU. Pour calmer les esprits, Alger est intervenu pour atténuer les divergences entre les membres de la direction du Polisario. Les mêmes sources affirment même que les autorités algériennes ont fini par désigner, au niveau de la présidence de la république, un nouvel interlocuteur en la personne de Ramadane Amamra. Ce dernier, chargé de coordonner avec le Polisario, occupait le poste de secrétaire général du ministère des affaires étrangères. Des sources bien informées indiquent qu'Alger ne voyait pas d'un bon oeil des négociations directes entre le Polisario et le Maroc. Pour préparer le terrain, ses services de renseignements avaient tenu une série de rencontres avec la délégation polisarienne pour faire passer deux mots d'ordre. D'abord faire le maximum pour que soit écartée des pourparlers toute référence à l'initiative marocaine d'une autonomie pour la région du Sahara. Et deuxièmement, faire en sorte que soient «préservés» les intérêts de l'Algérie qui a «beaucoup investi» dans l'affaire du Sahara. Ces rencontres, précisent les mêmes sources, se déroulaient en présence du général Mohamed Mediane, alias Toufik, patron des renseignements algériens. Après Manhasset et la confirmation par plusieurs pays de leurs positions favorables à l'initiative marocaine, les autorités algériennes ont promis d'intervenir de nouveau pour essayer d'infléchir les positions notamment de l'Espagne, de la France et des Etats-Unis en jouant tantôt sur la manne gazière et tantôt sur les juteux marchés d'armement. De passage en Algérie, le président français Nicolas Sarkozy a ré-exprimé la position traditionnelle de son pays alors que Washington a fini par se ranger derrière l'offre marocaine et ce, publiquement, juste après les consultations du 11 juillet au Conseil de sécurité.