Sous pression des «radicaux» et des Algériens, le Polisario hausse de nouveau le ton contre le Maroc à deux semaines de la deuxième phase des négociations de Manhasset. Mahfoud Ali Beiba, président du «Parlement sahraoui» et chef de la délégation des négociateurs du Polisario, est sorti finalement d'un long silence pour s'exprimer sur le déroulement de la première phase des négociations de Manhasset, les 18 et 19 juin dernier. Ali Beiba s'est notamment attaqué, lors d'une conférence de presse à Alger, aux membres de la délégation marocaine et surtout à Chakib Benmoussa, Fouad Ali El Himma et Khalli Henna Ould Errachid à qui, déclare-t-il, il a eu «honte de serrer la main». Le chef de la délégation polisarienne a estimé, par la même occasion, qu'il n'était nullement question de se soumettre aux pressions marocaines, ni d'accepter l'initiative d'autonomie du Royaume. Il a même été jusqu'à menacer du retrait de la délégation du Polisario du prochain round des négociations si le Maroc persistait à «vouloir imposer» son initiative. Selon des sources informées, Mahfoud Ali Beiba, en décidant de hausser le ton contre le Maroc, ne fait qu'obéir aux pressions exercées sur lui, et sur toute la délégation polisarienne, par les séparatistes radicaux et le pouvoir algérien. Pour rappel, de retour de Manhasset à l'issue du premier round, les négociateurs du Polisario, et Mahfoud Ali Beiba en premier lieu, avaient été sévèrement pris à partie par des éléments radicaux de la direction polisarienne conduits par Mohamed Lamine El Bouhali, «ministre de la Défense», qui les avait accusés d'être «tombés dans le piège du Maroc». De son côté, Alger, représenté à plusieurs réunions de «coordination» avec le Polisario par le patron des renseignements algériens, a reproché aux négociateurs dirigés par Mahfoud Ali Beiba de ne pas prendre en compte les intérêts de l'Algérie. A l'époque, face aux pressions d'Alger et des radicaux, Ali Beiba est allé jusqu'à menacer de se retirer de l'équipe des négociateurs séparatistes. Cette même tension avait d'ailleurs jeté ses ombres sur la dernière réunion du Polisario, le week-end dernier. De source informée, les autorités algériennes ont dû intervenir de nouveau pour essayer de colmater la brèche et atténuer les dissensions entre les membres de la direction séparatiste qui évaluait le premier round des négociations de Manhasset. Surtout que des membres de la délégation des négociateurs polisariens ont de nouveau menacé de claquer la porte face aux critiques de Mohamed Lamine El Bouhali. Alger est également intervenu pour amener le Polisario à «serrer les rangs» en prévision de son congrès national, le douzième du genre, dont la date a été fixée pour décembre prochain. Ce congrès était initialement prévu en octobre 2006, mais n'a pu se tenir pour cause des luttes de pouvoir au sein de la direction du Polisario. Une bonne partie de cette direction avait critiqué la mainmise de Mohamed Abdelaziz sur ce genre de rendez-vous en déployant tous les efforts possibles pour avoir la majorité, quitte à recourir à des «figurants». Pour calmer les mécontents, il a été décidé la création d'une commission préparatoire qui tranchera, entre autres, quant aux personnes habilitées à prendre part aux opérations de vote. Les dissensions entre Mahfoud Ali Beiba et Mohamed Lamine El Bouhali ont empiré depuis que le premier, en sa qualité de chef des négociateurs polisariens, avait refusé que le deuxième en fasse partie pour la simple raison qu'il était algérien et que le Maroc aurait pu y voir un signe de mauvaise foi. Ould El Bouhali s'était vengé de son rival, de retour de Manhasset, en critiquant la manière dont Ali Beiba avait géré les choses face aux négociateurs marocains.