Après l'attaque contre le Parlement indien jeudi, New Delhi envisage l'option militaire contre le Pakistan. Des échanges de tirs ont déjà eu lieu mercredi au Cachemire. Cet affrontement armé, où aucune victime n'a été signalée, est le premier depuis que New Delhi a accusé les services secrets d'Islamabad d'être derrière l'assaut qui a fait treize morts, jeudi dernier au Parlement de New Delhi. Cette attaque menée par des islamistes opposés à l'administration et basés au Pakistan, avait déjà été suivie d'une vingtaine d'interpellations. Le Pakistan, qui a démenti toute implication dans l'attaque de jeudi, a quant à lui mis en garde l'Inde contre tout recours à la force, et lui a proposé d'enquêter ensemble sur l'attentat. « Il n'est pas question d'une enquête commune », avait alors répondu le chef du gouvernement indien. Dès le lendemain de la prise d'assaut du Parlement, New Delhi avait formellement accusé Islamabad d'être derrière l'agression et d'avoir voulu éliminer l'ensemble des dirigeants indiens. Mardi, Atal Behari Vajpayee continuait d'affirmer que les limites du tolérable avaient été «largement dépassées » avec le dernier forfait contre l'institution législative du pays, et que si la voie diplomatique ne répondait pas aux attentes de « New Delhi», celle-ci était en droit d'envisager toutes les options, y compris celle de la guerre pour se défendre. En réponse aux appels répétés de Washington - et de Pékin - au calme et à la retenue, le chef de l'exécutif a aussi souligné que le terrorisme était le même partout dans le monde et qu'il devait être combattu de la même façon… Si, récemment, le Premier ministre indien Vajpayee a assuré que son pays ne cherchait pas à déclencher une guerre, sur le terrain, les affrontements ont commencé. Un porte-parole militaire indien a accusé les soldats pakistanais d'avoir ouvert le feu au mortier et à la mitrailleuse dans la nuit de mardi à mercredi sur des positions indiennes le long de la «ligne de contrôle», la frontière qui divise le Cachemire entre les deux puissances. Les soldats indiens ont alors répliqué depuis leur position de Nowshera, à 420 km au sud-ouest de Srinagar. Mardi déjà, le commandant de l'armée indienne, le général Padmanabhan, avait affirmé que le Pakistan avait massé des troupes à la frontière. Cet affrontement est certes le premier depuis l'attaque contre le Parlement, mais les deux pays avaient déjà échangé des tirs de manière intermittente au Cachemire après l'échec d'un sommet en juillet entre le général Pervez Musharraf, le Président pakistanais, et le Premier ministre indien Vajpayee. Deux des trois guerres ayant opposé New Delhi et Islamabad depuis 1947 ont éclaté à propos du Cachemire, revendiqué par les deux pays. Une insurrection musulmane contre l'administration indienne y a fait 35.000 morts depuis 1989.