Mohamed El Gahs, secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, membre de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) passe en revue des sujets d'actualité. ALM: Aujourd'hui, les Marocains célèbrent la Fête de la jeunesse. Avec quel esprit envisagez-vous cet événement ? Mohamed El Gahs : Les Nations vivent et s'affirment aussi à travers des symboles et des moments où se proclament la fierté d'être, le bonheur et le désir de vivre ensemble, et où s'exprime l'identification à des institutions fédératrices . Le citoyen et patriote que je suis, viscéralement attaché à l'idée de Nation, vit la fête de la Jeunesse comme l'un de ces moments où se renouvellent le serment d'appartenance et de fidélité à ce qui constitue le socle de notre destin commun et l'engagement collectif à marcher ensemble vers le meilleur, le possible donc. Etes-vous satisfait de votre bilan à la tête du secrétariat d'Etat chargé de la jeunesse ? Quant à la satisfaction de mon bilan personnel à la tête de ce ministère, ce n'est certainement pas à moi de le dire. Bien sûr, je revendique l'action menée, je l'ai portée et défendue avec humilité, lucidité et enthousiasme. Maintenant, la seule certitude que je puisse exprimer, c'est simplement le sentiment du devoir accompli. Avez-vous réellement décidé de ne pas vous présenter au prochain scrutin ? Oui, j'ai effectivement décidé de ne pas me présenter aux législatives. Et cela devrait suffire comme "explication ", vous ne me croyez pas ?! Comment voyez-vous le déroulement du scrutin du 7 septembre? Les mécanismes en place sont-ils susceptibles d'endiguer la fraude électorale ? L'idée, si vous voulez, c'est qu'il se déroule le plus normalement du monde. On y a mis tous les moyens et pris toutes les précautions possibles. Maintenant, la démocratie n'est pas uniquement des formalités ou des procédures, c'est d'abord des valeurs, une éthique, une culture, un état d'esprit. De ce point de vue, c'est un lent apprentissage où chaque élection est un test. Une épreuve de maturité. Comment voyez-vous la carte politique après les législatives du 7 septembre ? Je n'imagine rien du tout. Je constate : 35 partis, des "sans étiquettes politiques", un clivage politique et idéologique quasi – inexistant pour beaucoup, le tout dans le cadre d'un mode de scrutin à la proportionnelle intégrale, que voulez vous qu'il en sorte ? Probablement une" hyper balkanisation " ? Mais bon, c'est un choix tout à fait démocratique et respectable. Il induira des alliances et des combinaisons compliquées. Il faudra les gérer. C'est curieux, mais quand on regarde les nombreuses prévisions à propos de cette fameuse " Carte politique ", il me vient à l'esprit spontanément, ni comparaisons historiques ni références philosophiques, mais ostensiblement, une branche des mathématiques qui s'appelle l'analyse combinatoire ! C'est sans doute pour cette raison que je suis incapable de m'aventurer sans la moindre prévision. D'ailleurs ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est d'y croire, d'y aller, de faire gagner ses idées, son camp, de faire gagner la démocratie : le pluralisme, le respect de l'autre, la compétitivité loyale, l'acceptation du verdict du peuple quel qu'il soit, la réhabilitation de la politique dans ce qu'elle a de plus noble et vital. Faire gagner la Nation. Voila l'enjeu, au-delà et avec les différences légitimes d'appréciation. La démission de Fouad Ali El Himma et sa décision de se présenter aux prochaines législatives a donné lieu à de multiples interprétations. Quelle lecture faites-vous de cette décision ? Un homme politique , forcément politique, décide de se présenter aux législatives. Vu le poste qu'il occupait, il a sollicité d'être déchargé de cette fonction. Ce qui fut fait. Surprise, émoi, analyses, scénarios, supputations, …etc. Séisme, dira-t-on, et réplique médiatique à la mesure de l'événement. Compte tenu du statut et de la stature de l'homme, rien que de plus normal. Puis devrait venir le temps de la sérénité. Lectures donc . Alors, lisons attentivement ce que M. Ali El Himma a déclaré lui-même. Lisons la Constitution, et attendons de lire le verdict populaire du 7 Septembre. En attendant , toutes les autres " lectures " font partie du charme irrésistible du traitement médiatico - politique inhérent à la démocratie. Après s'être limité à Casablanca, le terrorisme a visé récemment la ville de Meknès. L'action terroriste risque-t-elle de s'étendre à d'autres cibles ? Le terrorisme, par nature, vise à semer la mort et la terreur. Lâche et sanguinaire, il frappe là où il peut quand il peut. Objectif : le plus de morts et de peur possibles. Dans le projet de la terreur, tout ce qui symbolise la vie est une cible. Récemment, les partis de la Koutla, en plus du RNI et du MP, ont créé une alliance pour lutter contre le terrorisme et préserver les acquis démocratiques. Quel impact peut avoir cette alliance face aux menaces qui pèsent sur le Maroc ? Le terrorisme est d'abord une idéologie qui nous livre une guerre totale. La réplique doit être à la mesure de la nature et de l'ampleur du danger. J'ai toujours pensé et dit, avec d'autres, que la lutte contre le terrorisme est d'abord de nature idéologique, intellectuelle, culturelle et politique. La démarche des partis me parait évidemment relever de cette conscience. Maintenant , cela suppose un changement profond, radical dans l'acception même de l'action politique. Une rupture dans les discours et les actes face au danger terroriste... Puisse cette initiative en constituer le début du commencement. Un sursaut vital et valable, aussi, pour les intellectuels, les médias, les syndicats, les associations…. Il est un temps où il faut savoir ne pas se tromper d'adversaires. En l'occurrence, il s'agit d'un ennemi implacable. Bio-express Militant USFP convaincu d'idéaux politiques défendus, corps et âme par les "Pères fondateurs" de son parti, Mohamed El Gahs a fait ses classes au sein de la famille socialiste. Il se distinguera, dès son quinzième printemps, par son action au sein de la Chabiba à Taza, ville dont il est originaire. Il part ensuite en France poursuivre de brillantes études en économie et en journalisme avant de rentrer au Maroc pour présider aux destinées du quotidien "Libération" au début des années 1990. Défenseur acharné de l'idéal socialiste, mais aussi des valeurs de la Nation, il est élu à la Chambre des représentants, en 2002, dans la circonscription casablancaise de Sidi Bernoussi, "circonscription de la mort". Mohamed El Gahs en sortira la tête haute et sera appelé à assumer les fonctions de secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse. Auparavant, il fera partie de l'équipe restreinte qui avait planché sur l'élaboration de la déclaration gouvernementale de l'équipe Jettou. Au front, il multiplie les chantiers, mais redonne surtout leur lettre de noblesse aux colonies de vacances. Il enchaîne avec divers programmes et initiatives pour et par la jeunesse. Des actions saluées par tout le monde, ses ennemis politiques en premier lieu. Mais presque jamais par son parti, sa propre famille politique.