Le Maroc est appelé à dialoguer avec les courants modérés au sein du Polisario, sachant que ce dernier va tenter de durcir sa position lors du 2ème round de négociations, explique Mustapha Naïmi, chercheur et membre du Corcas. ALM : Vous attendez-vous à une évolution dans la position du Polisario lors de ce deuxième round de négociations ? Mustapha Naïmi : Le Polisario a perdu le premier round et il va certainement essayer de se rattraper. Il faut donc s'attendre à un durcissement dans la position du Polisario. Cela se comprend d'autant qu'il a pris des mesures au niveau de la restructuration de ses propres structures en essayant de souder ses rangs dans le sens où il faut appuyer la position séparatiste. Le Polisario a dialogué avec l'ensemble des courants modérés et tenté d'harmoniser les positions en perspective du deuxième round de négociations. Que doit faire le Maroc face à ce durcissement ? Les négociateurs marocains se conformeront au discours royal du 30 juillet dernier. Ce discours nuance la position marocaine dans le sens où le Maroc est désormais prêt à faciliter le dialogue avec d'autres courants modérés au sein du Polisario. Cette position consiste aussi à dire que rien n'est figé concernant le contenu de l'autonomie locale. Je crois que les courants modérés au sein du Polisario doivent tenir compte de la position marocaine et sachent qu'il y a désormais possibilité de trouver un appui, un renforcement peut-être même au sein du front Polisario. « Khat Achahid » (Voie du martyr) constitue un certain nombre de courants flexibles, susceptibles d'être regardés à la loupe et analysés avec pertinence. Le bon sens veut que ces courants soient encouragés et appuyés par le Maroc, en jetant les ponts de communication avec eux. Il faut leur permettre de faire entendre leur voix ; une voix qui tranche avec la position officielle du Polisario. Ne faut-il pas aussi et surtout compter avec l'Algérie, impliquée sans plus aucun doute dans le conflit autour du Sahara ? L'Algérie est égale à elle-même. La position du pays voisin, que le Maroc connaît parfaitement, doit être considérée comme la position d'un Etat et non d'un peuple. Par conséquent, il faut composer avec elle en attendant que les choses évoluent positivement. Après le franc soutien qu'ils ont apporté à l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie au Sahara, quel rôle peuvent jouer les Etats-Unis, la France et l'Espagne lors du deuxième round ? Ces grands pays doivent continuer à œuvrer dans le même sens. Ils sont appelés à renforcer tous les courants qui croient à la démocratie au sein du front Polisario et encourager le Maroc à entamer le processus d'autonomie locale dans les plus brefs délais. Que pensez-vous du message adressé récemment par le président George Bush à SM le Roi Mohammed VI, dans lequel il évoque la question du Sahara ? Ce message confirme la position précédente des Etats-Unis et demande également au Maroc d'améliorer sa position dans le sens où il faut activer le processus d'autonomie locale.
Le Maroc est-il prêt à faire des concessions pour faire avancer les négociations ? Le Maroc peut faire des concessions en matière d'autonomie locale. Et je crois qu'il est disposé à le faire. De toutes les façons, le Maroc a précisé que le plan d'autonomie n'est pas figé, il a affirmé à maintes reprises sa disposition à écouter toutes les propositions susceptibles d'enrichir l'offre d'autonomie … Le Maroc ne peut pas proposer plus que l'autonomie. La souveraineté du Maroc sur le Sahara est indiscutable. En cas d'échec du deuxième round de négociations, peut-il y avoir un troisième ? Il pourrait y avoir un 3ème round qui plaiderait encore mieux la cause marocaine si le Maroc entame immédiatement le processus d'autonomie locale en englobant la région de Guelmim, c'est-à-dire en remettant en question le découpage territorial des frontières espagnoles et considérer que désormais la question territoriale relève uniquement de la souveraineté nationale.