En dépit de leur interdiction de participer au 12ème congrès du Polisario, prévu du 14 au 18 décembre, les courants opposés vont se manifester à Tifariti pour contester la légitimité de la direction de Mohamed Abdelaziz, affirme Lahcen Mahraoui, membre du Corcas. ALM : La direction du Polisario a décidé d'empêcher ses opposants de participer aux travaux du 12ème Congrès. Comment expliquez-vous cette décision ? Lahcen Mahraoui : C'est ce qu'il y a de plus anti-démocratique pour une mouvance qui est à la tête des séparatistes depuis trente ans et qui n'a subi des changements que l'entrée à la mère-patrie, suite à l'appel Royal «La patrie est clémente et miséricordieuse» d'un certain ensemble d'éléments qui accomplissent aujourd'hui leur devoir de citoyens, voire de responsables dans leur pays, le Maroc. Je me pose la question : qu'est-ce qui est démocratique chez la direction du Polisario. Elle est constituée d'un certain ensemble de personnes voulues, soutenues, voire imposées, par l'Algérie, et qui sont en train de faire du tort, et miner la famille sahraouie, surtout les Sahraouis qui sont démunis et qui vivent, ou plutôt survivent, dans des conditions inhumaines. Comment vont réagir à votre avis les courants opposés à la direction du Polisario, après leur mise à l'index ? Il y a pas mal de courants opposés à la direction du Polisario, dont le plus connu est «Khatt Chahid». Ce que je sais, c'est que, au sein du Polisario, il y a beaucoup de gens qui en ont marre du statu quo et de ses répercussions sur les conditions de vie désastreuses dont sont victimes les sahraouis de Tindouf. Ces derniers s'accordent aujourd'hui sur le fait que la proposition marocaine d'autonomie est une proposition qu'il faut analyser, prendre en considération et accepter pour mettre un terme au conflit. Mais voilà, pour masquer cette réalité, la direction du Polisario a fait appel à des Sahraouis mauritaniens et algériens. Elle compte déplacer ces derniers à Tifariti pour rendre minime la proportion des Sahraouis marocains séquestrés à Tindouf. Des dispositifs militaires et sécuritaires ont été mis en place pour empêcher toute tentative d'entrée massive des Sahraouis au Maroc. Que doivent faire les courants opposés face cette situation ? Il faudrait que ces courants puissent attirer l'attention de la communauté internationale, - notamment les associations et les organisations qui, aujourd'hui, à tort, soutiennent la direction du Polisario -, sur le fait que le congrès n'est qu'une mise en scène orchestrée par la direction du Polisario soutenue par le régime algérien. Nous avons entendu parler du fait que les courants opposés ne vont pas rester les bras croisés et subir la dictature. Bien sûr, ces courants seront confrontés à l'opposition de la direction du Polisario. Qu'à cela ne tienne, ils sont appelés à faire preuve de ténacité pour montrer le vrai visage de cette direction. Il ne faudrait pas qu'ils laissent faire cette direction despotique, sous peine de se voir imposer quoi que ce soit concernant l'autonomie, le retour au pays des Sahraouis séquestrés, l'avenir, la stabilité et la prospérité de la région. Vous attendez-vous à un changement de la part de la direction du Polisario sur l'offre marocaine d'autonomie ? Je ne m'attends qu'à un durcissement de la part de cette direction. Premièrement, parce que le statu quo arrange cette direction. C'est le statu quo qui lui a permis d'avoir le pouvoir, de s'enrichir, avec l'aide internationale. Deuxièmement, c'est pour essayer d'imposer leur avis lors du prochain round de négociations. Troisièmement, et finalement, c'est pour pouvoir mater les opposants. Et c'est le comble d'une dictature.