Pendant les jours de la fête,les démunis pointent leur nez plus que les autres jours. Ils demandent «la fatra» de l'aïd Al Fitr ou «Laâchour». Des rites religieux séculaires. Selon les traditions, les musulmans ont une obligation de donner l'aumône à l'occasion de l'Aïd Al Fitr aux plus nécessiteux d'entre eux. Cette aumône traditionnelle est constituée par la «zakat», la «Fatra» ou «Laâchour». Elles sont des «charités, qui doivent être offertes aux vrais indigents du quartier, de la ville, du douar, de la tribu...», souligne M'hammed B. Imam dans une mosquée casablancaise. Sinon, elles ne sont plus acceptées dans le sens religieux de l'acte. En plus, l'Islam insiste à ce que la charité commence par les plus proches ayant besoin, explique l'imam. Selon le culte, les musulmans sont appelés donc à offrir, à l'occasion de l'Aïd Al Fitr, l'aumône au pauvre le plus proche d'eux. À l'époque, l'aumône était constituée de vivres que le musulman a consommés le long du mois de Ramadan. Pratique qui est encore de mise dans les campagnes. En ville, les Ouléma l'ont fixée actuellement à dix dirhams par personnes. Par exemple, pour une famille de cinq personnes, la «Fatra» est de cinquante dirhams. Par ces paramètres, force est de constater que l'Islam conditionne la charité et condamne le professionnalisme dans la mendicité. La fête d'Al Aïd représente une occasion aux mendiants, vrais ou faux pauvres, qui sillonnent les rues et avenues de nos villes, de passer à une autre pratique très porteuse. Sonner directement aux portes. Selon la méthode (avec enfants loués à 50 dirhams par jour, exhibition d'un handicap souvent feint, récitation de versets du Coran...) et l'achalandage, ces personnes ayant fait de la mendicité un métier, dégagent durant cette période des sommes d'argent importantes. Les propriétaires des "mahlabates" et autres vendeurs dans les bureaux de tabac, chez qui ces mendiants professionnels viennent échanger leur monnaie contre des billets de banque à la fin de la journée, savent combien rapporte ce «métier». Ceci dit, ce serait une grosse erreur que de nier qu'il y a vraiment de véritables pauvres qui souvent n'arrivent pas à tendre la main. Question de culture et de dignité... Les vrais pauvres sont éclipsés par Les mendiants spécialistes. Alors pour remédier à ce phénomène de société, pourquoi ne pas organiser nos œuvres de charité uniquement autour de la Fondation Mohammed V de solidarité, au lieu de donner des pièces de monnaies, par ci par là, la "Fatra" ou "Lâachour" de l'Aïd al Fitr au premier bon bougre qui sonne à la porte . Car avec la solidarité organisée, les vrais nécessiteux bénéficieront et trouveront nourritures et réconfort. En outre, la charité organisée permettra de mettre un terme au fléau de la mendicité professionnelle qui ne cesse de ternir l'image du pays. Le tourisme en est la principale victime…