La Zakat Al-Fitr, c'est la petite Zakat de la rupture du jeûne qui n'a rien à voir avec la grande Zakat, impôt obligatoire (troisième pilier de l'Islam) définie comme impôt annuel sur la richesse accumulée, l'or thésaurisé, les récoltes... En naviguant sur plusieurs site on a des explications assez larges sur cet impôt. La Zakat Al-Fitr c'est l'aumône-impôt obligatoire de la rupture du jeûne décrétée comme soutien ponctuel aux nécessiteux pour leur permettre de passer l'Aid Seghir marquant la fin du Ramdan «comme tout le monde». Le mot Zakat veut dire purification. On fait mine de lâcher prise à l'attachement aux biens terrestres, on combat l'avarice en faisant actes de générosité au bénéfice des démunis de notre communauté. La Zakat Al-Fitr est une purification pour parachever le mois de prières sous de meilleurs auspices. Le Coran dit: «Prélève de leur bien une aumône par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux. Ta prière est une quiétude pour eux. Et Dieu est Audiant et Omniscient». Les croyants passent en principe un mois de prières et de jeûne pour orienter leur comportement sur la «voie droite» de l'humilité et des actions de bien. Ce faisant, ils ne manquent pas de commettre des fautes, oublis qu'ils expient grâce à la Zakat Al-Fitr. Elle constitue le couronnement du jeûne. Comme la grande Zakat, c'est l'incarnation d'une action de solidarité avec les personnes démunies à la veille de l'Aid Seghir. Cette fête religieuse, les familles démunies doivent la célébrer dans les meilleures conditions. La Zakat Al-Fitr les uns la donnent sous sa forme traditionnelle de grains de blé (cela existe toujours dans les villes quoique de moins en moins). On dit que celui qui la donne choisit la denrée la meilleure qu'il mange d'habitude. Dans le passé, c'était le blé. C'est ce qui explique les vendeurs de blé ambulants qui continuent à reparaître dans les souks et quartiers les derniers jours précédant l'Aïd Seghir. Ils continuent à faire partie du décor et de l'ambiance du Ramadan qui s'apprête à s'eclipser. Toutefois, de plus en plus, fatwa ou pas fatwa, on préfère donner de l'argent car cette histoire de denrées (blé ou autre) crée des situations plutôt absurdes. Le bénéficiaire de la Zakat ne manque pas de revenir pour revendre son blé au même marchand ambulant ! Donner de l'argent c'est donc simplifier l'existence. Entre 12 àà 15 Dh par personnes. C'est ce qui est légal. Rien n'empêche de donner plus. Au total, combien les Marocains donnent de Zakat Al-Fitr ? Une question intéressante à laquelle on ne manque pas de se livrer dans les bavardges sur la Zakat et l'aumône. Supposons que 20 millions donnent la Zakat Al-Fitr sachant qu'elle est payée pour les enfants et adultes, minimum dix dirhams par personne? Soit minimum 200 millions de dirhams versés aux pauvres chaque année à la veille de l'Aid. Mais la manière avec laquelle elle est distribuée consacre souvent et cautionne la mendicité, l'habitude de faire la manche. Dans une famille, les parents doivent verser ce montant pour chacun des membres qu'il soit bébé, enfant, adultes, personnes âgées à charge. La question la plus importante c'est qu'il faut choisir à qui remettre cet argent: de préférence le pauvre et démuni qu'on connaît bien pour éviter les faux pauvres et les mendiants professionnels dont on parle beaucoup ces derniers temps. Il faut la remettre de préférence à la veille de l'Aid. Il n'est pas mal indiqué de la remettre au bénéficiaire le jour même de l'Aid le matin très tôt (avant la prière de l'Aïd) . Cependant les gens préfèrent la donner avant pour permettre aux bénéficiaires de faire leurs achats en vêtements pour les enfants en particulier. La Zakat Al-Fitr est une institution qui date donc des premiers temps de l'Islam. Elle ne va pas sans des habitudes bien ancrées dans les mœurs et qu'on observe à la veille de l'Aid. Ce qu'on observe c'est la multitude de mendiants qui viennent frapper aux portes jusqu'à la matinée du jour de l'Aid pour réclamer la Zakat Al-Fitr. Une très gande partie de ces mendients qui se vautrent dans la rue avec enfants, devant les pâtisseries, sont au fait des mendiants professionnels. Il faut donc pas mal de discernement. Mais il y a aussi les autres: le neffar qui apparaît à la veille de l'Aid pour réclamer la Zakat Al-Fitr muni de sa longue trompette qu'il fait fonctionner pour faire entendre le son si familier au mois du jeûne; les éboueurs de la municipalité qui viennent frapper à la porte, le gardien de l'immeuble, la femme de ménage qui lave les escaliers. Tout le monde veut “Al-Fatra”. A qui la donner de préférence ? Dans le Coran Dieu dit que les aumônes sont destinées aux pauvres et aux nécessiteux, à ceux qui sont chargés de les recueillir et de les répartir, à ceux dont les cœurs sont à rallier, au rachat des captifs, à ceux qui sont chargés de dettes, à la lutte dans le chemin de Dieu et au voyageur dans la nécessité. Il faut la donner à une personne de préférence qui n'est pas rattachée à nous par sa fonction et à laquelle aucun lien d'intérêt ne nous lie. En donnant Zakat Al-Fitr à la femme de ménage ou au gardien, l'argent donné peut être considéré comme une petite prime annuelle pour le travail rendu par une personne mal payée, exploitée. Comme si en ne lui donnant pas le salaire qu'elle mérite on essaie de se rattraper. L'action est donc intéressée et de ce fait non avenue. On fait une aumône à une personne qui nous rend service. Or la Zakat doit être donnée à une personne qui ne soit pas rattachée à nous par le travail, par un calcul d'intérêt. Il serait donc préférable que le bénéficiaire n'ait aucune relation d'emploi avec le donateur dit-on. La zakat est donnée aux nécessiteux Un Hadith définit ce dernier: "Le nécessiteux n'est pas celui qui va d'une personne à une autre, congédié par une bouchée ou deux, par une ou deux dattes, mais le nécessiteux est celui qui n'a rien à dépenser et dont on ne soupçonne pas la privation pour lui venir en aide et qui ne se présente pas pour demander l'aumône." (Sahih Al-Boukhari) L'Islam, en instituant la zakat visait à atténuer les disparités criantes entre les diverses catégories sociales de la société. Dans notre contexte social, la Zakat a toujours drainé autour d'elle le phénomène de la mendicité ce qui veut dire qu'elle n'est pas instituée comme une obligation du donateur et un droit inaliénable pour le nécessiteux. Les mendiants demandent la Zakat dès la veille de l'Aid et le matin. Les pouvoirs publics nous disent qu'il ne faut plus donner l'aumône aux mendiants dont on ne connaît pas la situation au préalable parce que cela encourage la mendicité. Ce sont ceux qui continuent à donner l'aumône qui sont à l'origine du phénomène qui disparaîtra de lui-même dès qu'ils cessent de le faire. Quoui qu'il en soit, une chose est certaine: il faudrait revoir la manière avec la quelle elle est distribuée que ce soit la Zakat de la rupture du jeune ou la Zakat impôt annuel. Il faudrait que celui, le véritable nécessiteux qui la reçoit, la reçoive en outre avec dignité.