José Maria Aznar a sollicité l'intervention du président américain pour faire pression sur le Premier ministre britannique pour qu'il respecte l'accord des Açores concernant la question de Gibraltar. Pour les Britanniques, l'avenir du rocher est lié à celui de Sebta et Melillia. La question des deux enclaves occupées par l'Espagne au nord du Maroc, Sebta et Melillia, s'impose de nouveau dans le débat entre l'Espagne et la Grande-Bretagne sur l'avenir de Gibraltar dont la souveraineté est revendiquée par Madrid. Ce débat, qui était il y a quelques mois une affaire hispano-britannique, est en train de prendre une dimension multilatérale où, pour la première fois dans l'histoire, une autre partie est appelée à s'y impliquer. Ce qui permettra aussi et d'une manière automatique aux revendications légitimes du Maroc concernant la décolonisation de Sebta et Melillia de s'inscrire sur la scène mondiale en tant que dossier où la communauté internationale est appelée à agir pour mettre un terme à une situation anachronique. Ce rebondissement de la question de Gibraltar, et donc de Sebta et Melillia, est dû en fait, à la polémique enclenchée entre le Royaume-Uni et l'Espagne après l'envoi par le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, d'une lettre au président américain, Georges Walker Bush, sollicitant son intervention sur cette affaire. L'existence de cette lettre avait été dévoilée par le quotidien britannique The Daily Telegraph qui a titré sur la “une” que Madrid avait demandé l'aide de Washington pour résoudre le contentieux de Gibraltar. Selon le quotidien britannique, le chef de l'exécutif espagnol appelait Bush à faire pression sur le Premier ministre britannique Tony Blair pour qu'il cède devant les revendications espagnoles et accepte d'engager des négociations avec l'Etat ibérique dans l'objectif de concéder le rocher à l'Etat espagnol. Et bien que le gouvernement espagnol ait démenti avoir envoyé une telle missive, des sources britanniques affirment, toujours selon The Daily Telegraph, qu'à Downing Street, les responsables étaient furieux contre la démarche espagnole, ce qui confirme son existence. Les mêmes sources citées par le journal britannique affirment que Blair avait très mal apprécié la tentative de son homologue espagnol, qu'il considérait comme son principal allié en Europe, d'utiliser le pouvoir des Etats-Unis pour faire pression sur Londres. La colère du chef du gouvernement britannique, selon The Daily Telegraph, n'est pas uniquement due au fait qu'Aznar ait agit "sous la table", mais aussi parce que "l'Amérique paraît ne pas connaître qui est son véritable allié". Pour les observateurs, la lettre de José Maria Aznar à Georges Bush aurait été envoyée après les déclarations d'un membre du gouvernement britannique assurant que la Grande-Bretagne n'était pas prête à céder le rocher à l'Espagne. Ce même responsable avait comparé le cas de Gibraltar à celui des deux présides marocains occupés par l'Espagne, ce qui a été très mal perçu par Madrid. Aussi, faut-il signaler que la sollicitude par Aznar de l'intervention de Bush est due au fait que le président américain avait parrainé l'engagement de Londres, lors de la rencontre des Açores qui avait réuni les trois dirigeants, de céder le contrôle de Gibraltar à l'Espagne et ce, en contre partie du soutien espagnol à la guerre américano-britannique contre l'Irak. Un accord dont “Aujourd'hui Le Maroc” avait révélé les détails, en exclusivité, dans son édition du 3 avril 2003.