La querelle qui vient d'éclater au sein du Corcas n'a pas lieu d'être, selon Mohamed Ahmed Bahi, membre fondateur de l'Association le Sahara marocain. ALM : Que pensez-vous de la querelle qui éclate au sein du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes ? Mohamed Ahmed Bahi : Depuis la première session du Conseil, j'ai insisté sur la nécessité pour tous les Sahraouis de l'intérieur de préserver leur cohésion et de réaliser la réconciliation. Car à mon avis, tout le monde s'est trompé, que ce soient les sahraouis de l'intérieur ou les sahraouis du Polisario. J'ai dit également que, en l'absence de l'esprit de franchise et sans prédisposition à la réconciliation, il était impossible que le Conseil puisse réaliser aucun résultat. Il fallait, donc, s'abstenir d'échanger les critiques, voire les accusations, entre les Sahraouis, qu'ils soient les responsables au ministère de l'Intérieur, ou les élus de la Nation, ou n'importe quelles autres parties, sachant bien que l'échange de ce genre d'accusations ne profite qu'aux ennemis du Royaume du Maroc. Et cela représente un danger pour tous les habitants du Sahara qui aspirent au regroupement et à la délivrance de la douleur de la séparation entre familles et de la perte en exil, que ce soit à Tindouf ou en Europe. D'autant plus que ce genre d'accusations ont un caractère personnel, qui n'est évidemment pas pour servir la cause nationale. Cette querelle éclate à un moment où le Maroc se prépare à engager des négociations avec le Polisario, sous l'égide des Nations unies. Quelles conséquences pourrait engendrer cette querelle pour notre pays ? Ce n'est pas le moment de susciter les susceptibilités, d'autant plus que le dossier du Sahara se trouve aujourd'hui à un moment crucial. Ce genre de susceptibilités, qui n'a pas lieu d'être chez nous, n'existe pas non plus au sein du secrétariat général du Polisario. C'est révoltant de constater que, au sein du SG du Polisario, les séparatistes mettent un point d'honneur à défendre les uns et les autres, et que, parmi nous, d'aucuns cherchent à susciter des querelles sans aucune raison acceptable. Je répète que tout le monde s'est trompé, et que tout un chacun entre nous est appelé à surmonter ses erreurs. Il convient aujourd'hui de s'intéresser plutôt aux jeunes et aux étudiants qui sont exposés à la tentation de la machine de propagande du Polisario. Ce qui se déroule aujourd'hui dans les universités, ou dans certaines villes marocaines, n'est que l'œuvre de la propagande polisarienne qui vise à semer la division entre les Sahraouis. Arrêtons, par ailleurs, de créer un fossé entre les Sahraouis ralliés et les Sahraouis de l'intérieur, lesquels doivent être traités sur un pied d'égalité. C'est ce souci d'égalité qui a présidé, d'ailleurs, à la désignation par SM le Roi Mohammed VI des membres du Conseil. Le Souverain a désigné ces membres en dehors de toute distinction, tribale, historique, politique ou partisane. Quel est le meilleur moyen pour éviter le syndrome de la division ? A tous les chioukh des tribus, à tous les notables, aux élus et tous les citoyens sahraouis, je lance un appel à l'union. Tout le monde est invité à appuyer les efforts de SM le Roi Mohammed VI pour faire aboutir l'Initiative marocaine pour la négociation d'un statut d'autonomie au Sahara en tant que meilleure solution nationale, politique, juridique et religieuse.