Commentant le rapport de la délégation des parlementaires européens Mohamed Ahmed Bahi dénonce une lecture très politisée. ALM : Dans son rapport sur les droits de l'Homme au Sahara, la délégation des parlementaires européens brosse un tableau noir. Cette délégation n'a-t-elle finalement pas joué le jeu du Polisario ? Mohamed Ahmed Bahi : Le Maroc a commis l'erreur de s'ouvrir sur les associations de la société civile européenne, sans d'abord procéder à la définition des critères de leur choix et établi une connaissance exacte de leurs appartenances et leurs orientations. Nous savons qu'il existe, en Europe, particulièrement en France et en Espagne, des milliers d'ONG connues pour leur alignement sur la thèse de l'Algérie et du Polisario. La responsabilité du rapport que vient de diffuser la délégation des Eurodéputés incombe à ceux qui ont choisi les membres de cette dernière, et ceux qui les ont accompagnés. Ces derniers ont péché, dès leur arrivée au Sahara, par une mauvaise foi notoire. D'emblée, ils ont montré leur sympathie avec les activistes sympathisant avec la thèse séparatiste, ce qui était inacceptable. Ils se sont basés notamment sur les témoignages de la séparatiste Aminatou Haidar et Mohamed Daddach. Que devait concrètement faire le Maroc face à cette situation ? Nous devons avoir le courage de refuser d'accueillir des personnes ou des associations dont nous doutons de la crédibilité et dont nous ne connaissons la sympathie avec le Polisario, c'est notre droit le plus absolu que nous devons exercer sans aucune réserve. Nous nous rendons compte, aujourd'hui, que la composition de cette délégation de parlementaires européens, et les conclusions contenues dans son rapport, étaient dirigées contre le Maroc. Cette délégation n'a à aucun moment évoqué ce qui se passe dans les camps de Tindouf, sachant que des rapports précédents du secrétaire général de l'ONU ont insisté sur la nécessité d'œuvrer pour le retour volontaire des séquestrés sans que cela soit concrétisé. Ne voyez-vous pas que le rapport livré par la délégation des Eurodéputés est plutôt politique ? L'orientation politique des membres de la délégation parlementaire européenne a prédominé la dimension humanitaire qui doit être au centre de sa mission. Si le Maroc peut autoriser quiconque veut effectuer une visite au Sahara, il faut quand même distinguer entre les positions politiques et les missions humanitaires. Sur ce dernier point, le monde entier reconnaît les progrès réalisés par le Maroc alors que personne ne connaît ce qui se passe en Algérie, et moins encore dans les camps de Tindouf. La délégation des Eurodéputés doit plutôt se tourner vers l'autre côté de la frontière pour nous édifier sur les violations en série que la partie adverse fait subir à la population des séquetrés. Avez-vous été surpris par le rapport de la délégation des parlementaires européens ? Autant nous nous sommes réjoui des conclusions de l'envoyé personnel de l'ONU au Sahara, de l'Assemblée générale des Nations unies, et des membres du Conseil de sécurité, autant nous avons été surpris par des lacunes qui conduitent d'autres parties à avoir l'attitude qui est la leur actuellement. Cela arrive aujourd'hui de la part des parlementaires européens, mais il y a lieu de relever que des erreurs ont poussé des pays, comme le Venezuela, à agir contre l'intérêt de notre pays. Ces erreurs étaient simples mais leurs conséquences ont été désastreuses. Et la responsabilité n'est pas à attribuer uniquement au ministère des Affaires étrangères et de la coopération, elle doit également être assumée par le Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), le Parlement, et tous les partis politiques.