Cinq rabatteuses, qui recrutaient des jeunes filles à Settat pour travailler dans un réseau de prostitution installé à Damas, en Syrie, ont été arrêtées par la PJ de la ville. A son vingt-sixième printemps, Halima ne supporte plus rester en chômage. Elle n'aime plus rester chez elle à faire le ménage, laver la vaisselle et regarder la télévision. Avec son niveau scolaire moyen, elle n'a pas pu décrocher un emploi ni dans sa ville natale, Settat, ni ailleurs. Elle a frappé à plusieurs portes. En vain. Que devait-elle faire ? Rien. Cependant, un jour, sa mère est venue lui lancer une bonne nouvelle qui semble être pour elle comme une lueur d'espoir. «J'ai rencontré une femme qui va t'aider à trouver un emploi et dire adieu au chômage», lui a affirmé sa mère, l'air heureuse. Qui est cette femme ? «C'est une amie qui me l'a présentée…», lui a précisé la mère. Cette dernière lui a ajouté que cette femme, prénommée Fatima, a eu une fille, Nadia, qui travaille en Jordanie et qui peut l'aider à la rejoindre. « Elle y travaille depuis quelques années et elle a amassé assez d'argent comme m'a confié mon amie », a ajouté la mère avec un grand sourire aux lèvres. Un rendez-vous a été fixé entre Halima, sa mère et Fatima. Celle-ci leur a expliqué qu'elles doivent lui verser une somme de six mille dirhams. Une somme qui reste modeste par rapport au service qu'elle va leur rendre, leur a-t-elle expliqué. «Le travail en Jordanie rapporte gros», leur a-t-elle ajouté pour les encourager. Quelques jours plus tard, Fatima a téléphoné à la mère de Halima, lui a affirmé avoir contacté sa fille, Nadia et lui a parlé de sa fille. «Elle a accepté de l'accueillir et lui chercher un boulot», lui a-t-elle précisé tout en la sollicitant de lui préparer les six mille dirhams. Pas moins de trois semaines, l'argent est dans la poche de Fatima et Halima est en Jordanie. Elle n'y était pas seule. Mais, elle était en compagnie d'autres filles. En y arrivant, Nadia, fille de Fatima, leur a expliqué qu'elle va les conduire à Damas en Syrie. Pourquoi faire ? Quel genre de travail vont-elles effectuer ensemble ? Elles y sont arrivées. Là, elles ont été accueillies par un certain Chadi, un syrien qui dispose avec sa famille de plusieurs boîtes de nuit, maisons closes et chambres meublées. Elles se sont retrouvées entre les mains de ce grand nabab qui leur a acheté au départ plusieurs vêtements pour les soirées et leur a réservé des lieux de séjours. Rien n'est gratis chez lui. Tout ce qu'il a dépensé le récupérera après qu'elles commencent le travail. Quel travail ? Danser dans les boîtes de nuit, inciter les clients à s'enivrer et les accompagner pour partager avec eux le même lit dans une chambre d'hôtel ou dans une maison close. Halima, qui a commencé à envoyer de temps en temps des sommes d'argent à sa mère, est absorbée par ce monde de débauche. Quelques filles qui étaient en sa compagnie et qui n'ont pas pu supporter cette situation ont pu retourner à la mère patrie sans alerter les autorités locales. Il fallait attendre que Halima soit arrêtée dans un hôtel de Damas en compagnie d'un client pour que l'affaire s'éclate. Une fois la mère de Halima a appris la mauvaise nouvelle, elle n'a pas pu rester les mains croisées. Elle s'est rendue directement chez la police judiciaire de Settat pour déposer une plainte contre la femme qui a aidé sa fille pour aller en la Jordanie puis à Damas en Syrie. Elle leur a confié toutes les informations dont elle dispose. Les limiers de Settat ont diligenté une enquête minutieuse qui a donné son fruit : ils ont mis la main sur cinq femmes, âgées de trente à quarante-neuf ans, qui cherchaient partout les belles filles, ayant une taille svelte, pour leur proposer leur aide pour émigrer en Jordanie puis en Syrie, contre une commission allant de six à dix mille dirhams. Elles ne leur avaient jamais dévoilé le genre de travail qu'elles vont accomplir. Les cinq femmes ont été traduites devant la justice à Settat. Alors que l'enquête se poursuit encore pour tirer toute l'affaire au clair.