Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi devient à la faveur des urnes le nouveau président de la république islamique de Mauritanie. Des dossiers sensibles l'attendent sur le plan intérieur et sur l'international. Analyse. C'est donc Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi qui est sorti gagnant du duel qui l'opposait à Ahmed Ould Daddah lors du deuxième tour des élections présidentielles mauritaniennes, le dimanche 25 mars 2007. Vaincu d'avance par les jeux des alliances, le demi-frère du premier président mauritanien, encaisse là une énième défaite, d'autant plus amère cette fois-ci qu'il a été lâché entre les deux tours par d'importants membres de sa coalition pour les Forces du Changement. A la rupture prônée par ce dernier, les mauritaniens ont préféré un changement consensuel sous la direction d'un homme qui bénéficie d'une certaine sympathie au sein de l'armée et dans les cercles de l'ex-majorité au pouvoir. Néanmoins le score, relativement serré (M. Ould Cheikh Abdellahi a obtenu 52,85% contre 47,15% pour son rival), laisse présager la formation d'un gouvernement d'union nationale. Le vainqueur l'a d'ailleurs laissé envisager durant ses premières déclarations après la proclamation des résultats. Si l'international a eu largement sa part durant la campagne électorale, il n'en demeure pas moins que c'est sur les dossiers de l'intérieur que le natif d'Aleg, lauréat de l'Ecole William Ponty du Sénégal (comme bon nombre de cadres africains de l'après indépendance), devra faire ses preuves. Le pays est depuis 1978 tenu en coupe réglée par les militaires, lesquels laissent un bilan économique et social peu reluisant, alourdi notamment par un passif humanitaire entre la période 1989-1991 et la dilapidation des deniers publics. Pour reconstruire l'unité nationale, Sidi Ould Cheikh Abdellahi puisera sûrement de la sagesse dans ses origines maraboutiques en faisant prévaloir ses diverses alliances, notamment sur le dossier des réfugiés mauritaniens vivant au Sénégal et au Mali «Là se situera la vraie rupture entre la nouvelle majorité présidentielle et celle qui régentait les affaires du pays avant le 3 août 2005», explique un directeur de publication d'un important hebdomadaire de la place. Si sur le plan interne, des changements importants sont attendus, par contre, rien de radical n'est à prévoir dans les relations entre la Mauritanie et ses partenaires internationaux. Homme du sérail (il fut notamment ministre d'Etat et de l'Economie entre 1960 et 1978 puis plusieurs fois sous l'ère Taya avant de tomber en disgrâce), Sidi Ould Cheikh Abdellahi ne considère pas la rupture des relations diplomatiques avec Israël (option brandie par beaucoup de candidats malheureux), comme une nécessité. Idem pour la réintégration du pays dans l'espace du CEDAO (Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest), revendiquée par beaucoup de partis politiques, mais qui ne semble pas tenir une place essentielle dans l'ordre des priorités du nouveau locataire du Palais gris. Tout au plus, déclare-t-on de source indépendante, s'essayera-t-il à donner sens à la posture de «trait d'union» entre le monde arabe et l'Afrique, posture que le pays essaye de tenir depuis les années 60 avec plus ou moins de bonheur ? Engagé sur le Maghreb, Sidi Oud Cheikh Abdellahi est attendu pour reproduire le schéma qui avait cours ces dernières années, à savoir une neutralité dite positive par rapport à la question du Sahara, et des rapports autant équilibrés, que se peut, entre les deux puissants voisins du Nord. Autant d'équilibrages que l'ancien conseiller économique du Fonds Koweïtien pour le développement économique arabe devra user pour honorer la confiance placée en lui par les Mauritaniens. Dans ce challenge difficile, la «baraka» maraboutique ne sera pas de trop.