Le nouveau président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, s'est donné comme priorité de bâtir un Etat de droit. Il a également promis de raffermir l'unité nationale d'un pays exposé à des problèmes socio-économiques. Le Conseil constitutionnel de Mauritanie a validé, jeudi 29 mars, les résultats du second tour de l'élection présidentielle mauritanienne qui s'est déroulée dimanche dernier et dont le vainqueur est Sidi Ould Cheikh Abdellahi. «Le candidat Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, ayant obtenu au second tour de l'élection présidentielle la majorité absolue des voix exprimées conformément aux dispositions de la Constitution, est proclamé élu président de la République», indique le Conseil dans un communiqué. Ould Cheikh Abdallahi a obtenu 373.520 des 764.045 voix exprimées, soit 52,85%, devant son concurrent Ahmed Ould Daddah qui a bénéficié du vote de 333.185 électeurs, représentant 47,15% des suffrages exprimés, précise le Conseil. Désormais, le nouveau président mauritanien devra relever de nombreux défis dans un pays exposé à des problèmes socio-économiques. Il s'est, d'ailleurs, engagé, lors de sa première conférence après la proclamation des résultats, à ne ménager aucun effort pour construire la Mauritanie. «J'œuvrerai à construire un pays conformément à des bases sérieuses de justice et de développement économique», a-t-il déclaré. Ould Cheikh a promis notamment la réhabilitation dans leurs droits de centaines de Négro-Mauritaniens qui ont souffert d'exactions et de plusieurs milliers qui ont été expulsés vers le Sénégal et le Mali entre 1989 et 1991. Il doit aussi s'attaquer au problème de l'esclavage. Les cas qui subsistent encore «seront sévèrement punis», a-t-il promis, et «une législation spéciale criminalisant l'esclavage sera adoptée». «Les anciens esclaves, frappés de plein fouet par l'extrême pauvreté, bénéficieront d'une politique de discrimination positive, prévoyant des programmes économiques ciblés», a-t-il assuré. Outre le dossier sensible de l'unité nationale, d'autres défis attendent cet homme de consensus. «Ces grands défis sont multiformes et se posent en terme d'urgence que le nouveau président sera amené à prendre à bras-le-corps. Urgence d'abord de rassurer qu'il est indépendant et sait respecter ses engagements», écrit l'éditorialiste de "La Tribune" (indépendant). Le 19 avril prochain devrait avoir lieu la passation de pouvoir entre le nouveau président élu et le gouvernement militaire sortant du Colonel Ely Ould Mohamed Val, arrivé au pouvoir le 3 août 2005 après un coup d'Etat. Ould Vall, qui a mené une transition démocratique de 19 mois, s'est en outre dit «heureux d'avoir accompli (sa) mission ». Il a confirmé une nouvelle fois qu'il remettrait le pouvoir à son successeur dans les conditions prévues. Le président sortant a précisé que les membres de la junte militaire qui «veulent continuer le service militaire et le service de l'Etat, le continueront dans cette condition». Quant à « ceux qui voudraient quitter, quitteront dans les formes légales qui sont ouvertes par la réglementation ». Les FLAM réclament des mesures pour la réconciliation Les Forces de libération africaines de Mauritanie (FLAM), un mouvement d'opposition en exil, ont publié, lundi 26 mars, une plate-forme contenant plusieurs mesures urgentes permettant la réconciliation nationale. Ces mesures concernent le retour organisé des déportés et le suivi de leur réinsertion, la réhabilitation des fonctionnaires noirs civils et militaires victimes des purges sous le régime de Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya (renversé le 3 août 2005), l'indemnisation des veuves et orphelins de militaires victimes des exécutions extra-judiciaires en 1990 et 1991, mais aussi des morts de Oualata (1988). Les FLAM réclament aussi la mise en place d'une Commission vérité et réconciliation sur les événements des années 1989, une amnistie générale en faveur des prisonniers et exilés politiques et un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale.