La «Rahba» a quitté la rive gauche du Bouregreg pour s'installer à El Qamra. Le projet d'aménagement de cette zone en a voulu ainsi au grand dam des nostalgiques. La halle aux grains de la rive gauche du Bouregreg a changé d'adresse. Elle a élu domicile, un peu plus loin, devant la gare routière d'El Qamra dans un site flambant neuf d'une superficie d'un hectare entièrement équipé. C'était attendu et prévu depuis le lancement des travaux d'aménagement du Bouregreg effectués pour “raser“ la Rahba. Pourtant, les Rbatis et les Slaouis ne s'y sont pas encore habitués. A l'approche de l'Aïd-Al-Adha, comme par réflexe, plusieurs d'entre eux se dirigent encore vers l'ancienne adresse de la Rahba où ils s'approvisionnaient en grains et épices en tout genre. A leur arrivée, c'est une vieille bâtisse en ruine abandonnée qu'ils découvrent comme une mauvaise surprise. La halle aux grains est ancrée dans la mémoire, non seulement des lieux, mais aussi de ses habitants. C'est un patrimoine vieux de 80 ans, à en croire les commerçants pour qui le changement ne sera pas “digéré“ aussi facilement. Bien avant le déménagement de la halle aux grains, les bidonvilles du quartier Rahba ont été détruits et les 200 familles qui y habitaient ont été indemnisées après des négociations. C'est ce que nécessite la réalisation de la première séquence du projet d'aménagement : Bab Al Bahr qui concerne 300.000 m2 et comprend un quartier tertiaire avec bureaux et commerces, la cité des arts et métiers et un quartier alliant logements et hôtels. Tous ces changements restent une conséquence normale du grand projet d'aménagement. Des changements mal assimilés en raison d'un manque d'information doublé d'une panique légitime du côté du public. C'est ce que soulignent différentes associations locales, qui pensent avoir pour rôle de mieux faire connaître le projet auprès des personnes concernées, que ce soit de près ou de loin. Et pour cause : ce manque d'information laissait libre cours à la rumeur faisant craindre aux habitants de l'ancienne médina de Salé de voir leurs maisons rasées au nom de la promotion touristique. C'est pour contrer cette désinformation que l'Association Bouregreg s'est accordée avec l'Agence pour l'aménagement du Bouregreg pour créer un lien avec le public. «Nous avons organisé des séances d'information en faveur du grand public en vue de permettre à tout le monde de prendre connaissance du projet et de ses différentes étapes. Plusieurs n'en avaient pas une idée claire », explique Rachid Zellou, directeur de l'Association Bouregreg. Ces séances d'information ont concerné le problème des décharges que devait résoudre le projet et celui de la navigabilité du fleuve. Le 13 janvier sera organisée une troisième séance d'information qui sera, elle, entièrement dédiée au projet de mise en place du tramway. Le public sera certainement très nombreux à se présenter au siège de l'association (quartier Bettana) pour y suivre les exposés et poser ses questions, puisque le tramway devra résoudre le calvaire du transport entre les deux villes voisines. Au sujet de la halle aux grains, il n'y a pas eu de séance d'information, mais ce sujet avait été soulevé, il y a de cela quelques mois, par l'Association des commerçants, lors d'une rencontre initiée par l'Association Maroc nature et culture à l'école forestière des ingénieurs à Salé. La question primordiale a été axée sur les retombées du projet d'aménagement. Les 50 commerçants de la Rahba, tout comme les employés qui y travaillaient, avaient, pour la première fois, fait connaissance avec les responsables de l'Agence d'aménagement du Bouregreg.